Décembre 1900. Cela fait un mois que la cinquième grande
Exposition universelle de Paris a fermé ses portes après avoir accueilli plus
de 50 millions de visiteurs. C'est dans le 9e arrondissement que naît Germaine
Hirschfeld, de parents originaires d'Allemagne. Elle n'a pas encore 14 ans lorsque la
Première Guerre mondiale éclate, contraignant sa famille à fuir en Angleterre.
De retour dans la Ville Lumière en 1923, Germaine cherche à dissimuler ses
origines et associe le prénom Cosette, du célèbre ouvrage "Les Misérables"
de Victor Hugo, au nom d'une famille noble, les Harcourt. Cosette Harcourt, a
la vingtaine et s'intègre à l'aristocratie parisienne avec son léger accent
anglais et sa posture droite et distinguée. Passionnée de photographie, elle
travaille quelques années dans des studios avant de cofonder, en 1934, le Studio Harcourt avec d'autres associés. Profondément ancré dans le monde du
cinéma et de la culture, Cosette s'entoure des meilleurs éclairagistes du
cinéma parisien pour réaliser des portraits en noir et blanc, où le sujet
émerge de l'obscurité grâce aux faisceaux lumineux des projecteurs. Ce style
unique permet au studio d'acquérir une renommée dans le monde de la culture
française, largement soutenu par le carnet d'adresses de Cosette Harcourt. Les
célébrités de l'époque se pressent pour figurer dans ces portraits immuables.
C'est là la vision du Studio Harcourt : proposer des clichés intemporels, où la
technique peut être transposée sans grande différence entre l'argentique et le
numérique.
Après la Seconde Guerre mondiale, le studio retrouve une
activité florissante et s'impose définitivement dans la culture mondiale. Le
célèbre magazine américain LIFE, spécialisé dans les reportages photographiques
marquants, titre en 1952 que le Studio Harcourt est "le plus grand studio
de portraits du monde". En 1976, Cosette s'éteint, laissant un héritage
sans précédent dans le monde de la culture. Son esprit demeure, et malgré
quelques périodes difficiles, le studio n'a cessé de se réinventer en ouvrant ses
portes à d'autres célébrités issues de divers milieux artistiques tels que la
musique, l’art et le design, ainsi que des athlètes de haut niveau. Il a
également exploré de nouvelles techniques telles que l'utilisation de la
couleur ou la mise en scène d'objets, tout en préservant ce style inimitable
forgé par l'utilisation de la lumière continue.
Cette quête perpétuelle de renouveau et cette volonté de
bousculer les codes animent également la Maison Pelras depuis 1983. En début
d'année, une idée émerge : celle de célébrer la ville qui nous a tant donné au
cours des 40 dernières années. Et si Toulouse, avec ses lieux emblématiques et
ses acteurs incontournables, était mise en lumière par le célèbre Studio
Harcourt ?
Les discussions sont lancées et le studio relève ce défi qui
bouscule une fois de plus les conventions. Déplacer le studio pour capturer en
extérieur des objets ou des scènes grandeur nature est une démarche inédite et
représente un véritable défi pour ces talentueux photographes.
Le rendez-vous est pris début octobre pour réaliser, dans
l'obscurité de la nuit toulousaine, 20 clichés soigneusement sélectionnés,
représentant les lieux emblématiques de Toulouse. Durant plusieurs nuits
intenses, les projecteurs et l'œil des photographes ont magnifié l'histoire de
notre ville rose. Tel un voyage dans les coulisses, nous vous proposons de
plonger au cœur de cette aventure unique à travers quelques clichés.
Vous reconnaîtrez sûrement le Jardin des Plantes, un havre
de paix où il est agréable de s'évader loin de l'agitation urbaine. Que serait
Toulouse sans ses liens étroits avec l'aéronautique et le spatial ? Dominant du
haut de ses 53 mètres, la réplique de la fusée Ariane 5 façonne le paysage
toulousain depuis 1997 et l'ouverture de la Cité de l'Espace. Éclairer et
sublimer cette fusée a été un véritable défi pour les équipes du studio, qui
ont su se surpasser pour la mettre en valeur. Les liens avec l’aéronautique,
quant à eux, remontent à l’époque des pionniers de l’aviation, notamment avec
l’Aéropostale, des lignes transatlantiques imaginées par Monsieur Latécoère. De
nombreux pilotes célèbres tels qu’Antoine de Saint-Exupéry s'aventuraient vers
de nouvelles contrées pour distribuer le courrier. Aujourd’hui, l’Aéropostale
demeure dans les mémoires grâce au musée "L’Envol des Pionniers",
situé sur le site d’origine. Derrière cette épopée, aux côtés des pilotes
intrépides, se trouvaient également des travailleurs qui triaient le courrier
dans des trains spécialement dédiés pour le dispatcher à travers toute la
France. C’est cette histoire que les photographes du Studio Harcourt ont choisi
de capturer à bord d’un des wagons originaux de ce train singulier.
Toulouse est également une ville tournée vers la santé,
berceau du SAMU fondé en 1968 par Louis Lareng. Ce service vital, étendu par la
suite dans toute la France et au-delà, méritait un hommage figé dans le temps,
représenté par les hélicoptères. Impossible d'évoquer la santé sans mentionner
l'Hôtel-Dieu Saint-Jacques, jadis le plus grand hôpital de la ville dès le XIIe
siècle. Aujourd'hui, siège administratif du CHU de Toulouse, l'Hôtel-Dieu
conserve son héritage à travers ses salles monumentales, autrefois le théâtre
d'interventions hospitalières telles que la salle des Colonnes.
Ces lieux, ainsi que d'autres composant cette exposition,
ont été figés pour l'éternité, révélant ainsi Toulouse sous un nouveau jour.
En ce 15 décembre 2023, nous vous convions à découvrir le
fruit de cette collaboration qui se dévoile dans notre cadre prestigieux,
composé de LEGEND(ES). L'association entre l'art et l'automobile est aussi
vieille que l'automobile elle-même, entretenant toujours des liens étroits, que
ce soit avec les carrossiers sculptant les lignes d'une voiture telle une œuvre
d'art, les voitures consacrées en tant qu'œuvres d'art dans certains musées
internationaux, ou encore les célèbres BMW Art Car associant de grands artistes
aux voitures de course. Ainsi, les courbes des voitures d'exception, symboles
de l'expression de designers passionnés, se voient sublimées par une exposition
inédite intitulée "Toulouse dans l’œil du Studio Harcourt".
En plus des 20 tableaux inédits que vous pouvez admirer et
acquérir, le Studio Harcourt expose pour l'occasion un échantillon de sa
collection, illustrant l'étendue de son savoir-faire. Vous y découvrirez les
portraits de célébrités du cinéma qui ont forgé le mythe, aux côtés des
portraits de musiciens, d’artistes, de chercheurs et de sportifs, ainsi que des
collections spécifiques telles que celle commandée par le Centre Pompidou en
2011 pour valoriser les liens culturels entre la France et l’Inde. L'artiste
indienne Pushpamala N. et le Studio Harcourt ont collaboré pour créer trois
photographies inspirées des chefs-d'œuvre de l'art français du XIXe siècle,
dont "La Liberté guidant le peuple" de Delacroix.
Cette exposition se tient jusqu'au 30 mars 2024, répartie sur deux espaces distincts : au sein de l'espace Pelras LEGEND situé à l'étage du Hall BMW, ainsi qu'à l'étage du Hall MINI. Elle est ouverte à tous, alors n'hésitez pas à venir découvrir Toulouse sous un nouvel angle et redécouvrir les portraits mythiques d'une institution de la photographie !
PS : on vous a gardé quelques surprises ;)
Photos et texte par Donatien Le Clainche