Essai Toyota GR Yaris : addictive

27.03.2023

Essai Toyota GR Yaris : addictive

Dans un paysage automobile de plus en plus asseptisé, il est rare de voir des constructeurs oser sortir des sentiers battus pour proposer quelque chose de différent. Toyota qui a toujours eu une culture du différent et de l’avant-garde avec son système hybride par exemple, a ressorti dernièrement les archives de son passé sportif pour revenir sur le devant de la scène. Une reconquête commencée par la compétition automobile avec l’écurie Gazoo Racing à travers l’endurance, le WRC et le rallye-raid. Partout où il passe, Gazoo rafle tout sur son passage. Toyota n’est plus une marque ennuyante, elle est désormais “ cool ”. Un renouveau qui s’est aussi orchestré sur la route avec des voitures au design plus travaillé et attirant ainsi qu’une gamme inédite de sportives.

Les gènes de la compétition

Préfigurée par la GT86, née en collaboration avec Subaru, la gamme routière a enclenché la seconde avec l’arrivée de la GR Supra en 2019. Gazoo Racing appose ses lettres pour un supplément de sportivité et une image valorisée. La Supra, qui est une collaboration avec BMW et le Z4, a très vite été rejointe par un modèle à part entière, un produit 100% Toyota, la GR Yaris. L’ADN du constructeur est présent avec une passion et une vision décalée sans égales. La GR Yaris remémore une période faste où de nombreuses voitures de sport étaient produites pour l’homologation des véhicules de compétition. Les Lancia Delta, Peugeot 205 T16 ou encore M3 E30 sont d’autant d’exemples de voitures iconiques issues de la compétition. Oui, la GR Yaris n’est pas une simple Yaris performante, c’est une voiture totalement nouvelle conçue selon les exigences du WRC pour la saison 2020. Bémol, la voiture de course n’a jamais concouru à cause de la pandémie. Qu’à cela ne tienne, Toyota a quand même commercialisé la voiture et on peut déjà les féliciter.

Les caractéristiques techniques ont donc été dictées par le règlement du WRC. Carrosserie trois portes, transmission intégrale, moteur 3 cylindres turbo 1.6 litre sont des éléments qui étaient voulus et obligés. On est loin de la Yaris hybride... La GR Yaris est un OVNI, déjà par sa carrosserie trois portes entièrement inédite en aluminium (capot, portes et hayon) qui ne partage que les optiques, les poignées et les rétroviseurs avec la Yaris normale, mais également par son châssis qui est un mix de plusieurs plateformes. La voiture est une boule de nerf avec sa faible surface vitrée, son toit fuyant et ses ailes marquées. Elle transpire le sport et semble prête à bondir. Ça tombe bien, c’est ce qu’on lui demande. Les spéciales de rallye du championnat sont troquées contre nos routes tortueuses, mais l’ambiance reste intacte. 

L’assise haut perchée déroute dans une voiture de sport, mais trouve écho dans sa filiation avec le rallye qui nécessite de voir la route. Une position qui met en confiance et qui permet de l’envisager au quotidien car oui, la GR Yaris dispose aussi d’une suspension assez souple fidèle encore une fois à sa filiation. Une souplesse qui lui confère un confort de roulage à toute épreuve même au quotidien. La planche de bord reprise de la Yaris classique trahit se philosophie avec ses compteurs analogiques aux graphismes basiques, ses sièges enveloppants en Ultrasuede et cuir, le volant en Alcantara et sa boite de vitesse manuelle qui trône au milieu de la console. Un confort donc qui en fait pourtant un allié de taille dès que la route se dégage. 

Taillée pour le rallye

La GR Yaris se présente en deux niveaux de finition et nous avons sélectionné pour vous la meilleure avec la Track. Un nom évocateur qui apporte des jantes forgées 18 pouces, une suspension renforcée pour le circuit, les étiers de frein rouges, les Michelin PS4S et deux différentiels Torsen sur chaque essieu.

Avec un tel package elle est parée pour avaler des kilomètres de routes sinueuses. Le sélecteur de mode sera votre allié dans votre quête d’ivresse mécanique. Le mode normal favorise la traction avec une répartition 60/40, le mode Track offre une transmission intégrale classique en 50/50 et le mode Sport donne plus de puissance à l’arrière avec 70/30. Trois modes, trois philosophies pour une voiture 3 en 1. Pour une fois qu’un mode change réellement quelque chose dans l’approche d’une voiture. Chacun a ses spécificités et chacun apporte réellement les caractéristiques qu’on peut rencontrer avec une traction, une transmission intégrale ou une propulsion. Ajoutez à cela que les deux derniers modes permettent de déconnecter toutes les aides et vous avez devant vous l’arme ultime des cols de montagne.

La rigidité est bluffante et la précision de conduite est chirurgicale avec les deux différentiels. Aucun sous virage n’est à détecter, la direction consistante dicte la voie à un train avant indestructible. À chaque virage, on se prend à passer de plus en plus vite en freinant tardivement – merci aux freins à disques ventilés de 356 mm et étriers 4 pistons à l’avant (297 mm et 2 pistons à l’arrière) – et en réaccélérant de plus en plus tôt sans aucune perte de motricité. Une petite virgule est tout de même possible en mode propulsion sans les aides. Les Michelin PS4S jouent de concert avec les différentiels pour tirer le meilleur du châssis de la Yaris et de son poids de 1280 kg. Votre corps prend sa dose de G latéraux tandis que l’accélération vous colle au siège (0 à 100 km/h en 5,5 secondes). Le gros 3 cylindres offre des accélérations dantesques dès que le turbo à roulement à billes décharge. En bas du compte-tours, il est assez creux et s’en sort grâce à son couple. De même en haut, il s’essouffle un peu avant la zone rouge située à 7000 tr/min, mais son caractère rappelle les premiers turbos des années 80. On sent le turbo se charger avant de délivrer avec poigne les 261 ch et 360 Nm de couple, le tout dans une partition très oldschool teintée de sifflement de turbo, bruits de transmission et ronronnement typique du 3 cylindres (légèrement amplifié par les haut-parleurs). Un moteur rageur qui se manie au doigt et à l’œil avec l’excellente boite manuelle aux débattements et à l’étagement courts. 

Délirante et sensationnelle

La GR Yaris est impressionnante d’efficacité et sa suspension souple (MacPherson à l’avant et double triangulation à l’arrière) permet de filtrer les revêtements les plus dégradés et ainsi rouler encore plus fort. Rien ne semble arrêter cette petite Toyota et une réelle confiance s’installe à bord avec une communion homme-machine grisante. Cette Yaris est donc une réelle bouffée d’air frais dans un secteur moribond. Qui peut se permettre de sortir une citadine sous stéroïdes, ultra performante et complétement délirante dans sa conception, à part Toyota ? La messe est dite et cette voiture est déjà entrée dans l’histoire avec une conception et un caractère unique sur un segment délaissé. Le dernier projet du genre qu’il est important de collectionner. Malgré son malus et son prix de près de 50 000 euros, la GR Yaris vaut la peine d’être considérée. L’essayer, c’est l’adopter ! 

Découvrir notre GR Yaris (la version noire a été victime de son succès, mais pas de panique il nous reste la blanche ;) ) 


Photos et texte par Donatien Le Clainche

Autres articles