Essai Nissan 370Z NISMO, la der des ders

09.03.2023

Dans les années 60 et 70, les japonais ont tout à prouver en matière d’automobile. Leur pragmatisme les a conduits à créer des voitures rationnelles et fiables, mais ils ont également très vite compris que pour séduire la clientèle des marchés européen et américain, il fallait des voitures sportives à même de véhiculer une belle image. Toyota s’est dotée de la 2000 GT et des Celica, Nissan, quant à lui, a proposé dès 1969 un petit coupé motorisé par un 6 cylindres sous le nom 240Z. La lignée des Z était née, avec un nom évocateur. Pendant longtemps, le Z était l’indice de vitesse des pneumatiques le plus élevé (> 240 km/h). La couleur est annoncée. La série des Z a traversé les décennies en se forgeant une image de voiture performante, fun et abordable. Encore aujourd’hui, le Z continue de séduire les passionnés de voitures, mais plus en Europe. La lignée s’est récemment éteinte avec la fin de commercialisation de la 370Z en 2020. Les normes trop restrictives et les changements de mentalités ont eu raison d’elle, mais comme une ode à sa vie remplie, Pelras Legend vous propose de revenir sur ce mythe à travers une version rarissime, la 370Z NISMO

Les origines sportives de Nissan

NISMO, ce n’est autre que la contraction de NISsan et MOtorsport. Le département sportif du constructeur a été créé en 1984 afin de faire rayonner la marque à travers plusieurs programmes sportifs. NISMO s’est, notamment, illustré en endurance en remportant quatre fois le championnat IMSA entre 1988 et 1991 dans la catégorie GTP. En 1992, c’est le sacre lors de la célèbre course des 24h de Daytona. Après un bref retour en endurance au milieu de la dernière décennie, NISMO se bat aujourd’hui en catégorie GT et en Formule E.

Un esprit de compétition, de sportivité et de performance qui s’est rapidement retrouvé sur la route. La mythique Skyline GTR R32 est le fruit des ingénieurs de NISMO qui l’ont conçu pour l’homologation de la version rallye en Groupe A. Par la suite, NISMO s’affirme et appose ses lettres sur des projets confidentiels, mais très enthousiasmants. La NISMO 270 R (1994) et la NISMO 400 R (1996) sont aujourd’hui des licornes adulées par les fans de voitures japonaises. Le département sportif devait croiser la route des Z, c’était inévitable. Une rencontre qui a lieu en 2007 avec la NISMO 350Z. Très rare sur nos routes, elle pose les fondations des versions NISMO du nouveau millénaire. Kit carrosserie spécifique, puissance accrue et réglages sportifs, voici une recette qui va s’appliquer au petit SUV Juke, à la bestiale Nissan GTR et bien sûr à la 370Z NISMO.

Apparue en 2009, la 370Z a très vite eu le droit à sa déclinaison NISMO (V1) qui n’a pas été distribuée chez nous. Il faut attendre 2015 pour la voir débarquer et un des rares exemplaires a élu domicile chez nous. 

Une 370Z sous stéroïdes

Dès le premier coup d’œil, la NISMO transpire le sport. La 370Z a enfilé son survêtement pour exacerber ses lignes. Pare-chocs, bas de caisse, diffuseur et ducktail sont spécifiques pour améliorer la portance négative et offrir une meilleure gestion des flux d’air. Les jantes 19 pouces bi-ton et les voies élargies de 15 mm à l’avant et à l’arrière lui offrent une assise visuelle plus sportive. La NISMO est une célébration de la culture automobile japonaise adepte des améliorations en tout genre. Ici tout est d’origine, même l’énorme silencieux en inox et ses doubles sorties d’échappement de 120 mm de diamètre. NISMO ne fait pas dans la demi-mesure et le travail est remarquable. La couleur Pearl white typique, soulignée par un liseré rouge et les éléments noirs, laissent admirer les galbes généreux de la 370Z. Une ligne reconnaissable entre mille qui n’a pas réellement vieilli.

La touche NISMO ne s’arrête pas là. Une fois à l’intérieur, la planche de bord au dessin atypique, qui accuse un peu plus le poids de l’âge, se voit améliorée par un traitement plus sportif. L’ensemble est gainé de cuir et l’Alcantara s’invite sur le volant et les sièges Recaro spécifiques. Encore une fois, le rouge est de la partie pour rappeler l’émotion et les pulsions incontrôlables. Le désir prend le pas et nous attire vers le bouton start. Un bruit grave, glougloutant et limite assourdissant se dégage des entrailles de la Z. La double ligne ne fait pas de la figuration et laisse échapper les gaz des chambres de combustion des 6 cylindres. C’est finalement la dernière bote secrète de la 370z, un moteur généreux qui n’a pas succombé à la suralimentation. Un dinosaure qui affiche fièrement sa cylindrée de 3,7 litres à travers son nom, comme le veut la tradition. 3,7 litres de bonheur qui offre dans cette version NISMO 344 ch (+13) et 371 Nm (+5). D’abord en ligne puis en V depuis 1983, le 6 cylindres est une tradition sur la Z et si le gain de puissance est négligeable sur le papier pour cette version NISMO, il permet de gagner 1 dixième au 0 à 100 km/h (5,2 s). Cependant, l’esprit NISMO est à prendre dans son ensemble. Un esprit qui s’adresse au plus sportif d’entre vous. Celui qui souhaite tirer le meilleur de sa machine. 

Recette à l’ancienne

NISMO met en avant la 370 Z sous son meilleur jour. Sur la route, le sport se fait rapidement sentir. Bien calé dans les baquets, la Z se montre ferme et secoue rapidement sur les routes les plus déformées. La NISMO laisse le quotidien a la version classique pour se concentrer sur l’efficacité pure. Le châssis est optimisé avec de nouveaux silentblocs, une barre antiroulis plus épaisse et une nouvelle barre antirapprochement plus rigide. La suspension est passée entre les mains de Yamaha avec des ressorts plus rigides de 14% à l’avant et des amortisseurs plus fermes de 23% à l’avant et 41% à l’arrière. Dès que l’horizon se dégage, la NISMO éveille vos sens. La suspension plus ferme contient le roulis engendré par la masse assez élevé (1610 kg). On ressent ce poids lors de gros transferts de charge, de freinage appuyé et même dans la direction. Cette dernière se montre lourde mais tout de même très précise et informative. Les pneumatiques larges jouent beaucoup dans ce ressenti (245 AV et 285 AR !). Dès que le bitume n’est pas plat, la voiture va avoir tendance à suivre les aspérités du bitume. Elle vous connecte instantanément à la route et incite à être constamment en alerte pour la garder sur la bonne trajectoire. Des sensations supplémentaires qui s’ajoutent à celles procurées par son moteur. Très coupleux, le V6 tord les pneus arrière et arrache la 370Z dans une force telle qu’on en oublie sa masse. Ici point de downsizing, on a affaire à un gros atmosphérique qui, bien qu’assez linéaire, procure des sensations oubliées. Il y a un réel plaisir à monter dans les tours pour réveiller le moteur à plus de 4000 tr/min dans une bande-son authentique qui passe du grave à un feulement plus aigu à l’approche de la zone rouge (7500 tr/min). Belle à regarder et savoureuse à entendre, elle fait tourner les têtes à son passage. La NISMO dénote dans le paysage automobile et sa recette à l’ancienne reconnecte son pilote à une conduite pure. Les manomètres dans le champ de vision et le compte-tours central mettent dans l’ambiance. NISMO sublime le comportement de la Z en la rendant plus incisive et efficace grâce à son différentiel à glissement limité au rapport revu. L’adhérence est bonne sur le sec mais laisse entrevoir une belle séance de glisse sur sol mouillé surtout avec les aides déconnectés. La boite mécanique ferme et précise est un régal à actionner. Le talon-pointe se fait facilement, mais pour les moins aguerris, il suffit d’appuyer sur le bouton “ boite sport ” pour l’activer automatiquement. Les freins à disques ventilés participent au ressenti très mécanique de la voiture en étant suffisamment mordants et endurants. 

La fin des sportives Nissan

Un constat apparaît rapidement. La 370Z n’usurpe pas le nom NISMO. Ce qu’elle aime, c’est l’asphalte frais qui serpente. Grâce au département sport, elle en ressort optimisée pour les circuits les plus exigeants mais également pour les plus belles routes du monde comme celles du mont Fuji, la California Dream Road ou encore le col de la Furka. C’est dans ces conditions que la symbiose mécanique s’opère. Chaque élément trouve sa place pour procurer un maximum de sensations et d’engagement. La direction suit votre regard, tandis que la suspension raffermie verrouille rapidement les transferts de masse sur le train arrière qui motrice sans sourciller avec le différentiel.  Les petites routes reculées de nos campagnes ne sont pas sa tasse de thé avec un arrière plus large que l’avant et sa tendance à suivre la moindre imperfection. La NISMO diminue les capacités de voyageuse de la 370Z pour augmenter le plaisir mécanique. Une philosophie rare qui parait hors du temps. C’est d’ailleurs la dernière NISMO et même la dernière Z à être dotée d’un moteur atmosphérique. Si vous ajoutez à cela que la version NISMO est peu répandue et que Nissan ne commercialisera plus de voitures de sport en Europe en se contentant d’une gamme de SUV, et vous avez sous vos yeux un vrai collector regroupant tous les ingrédients de la passion automobile sauce wasabi !

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Photos et textes par Donatien Le Clainche

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