Dans les années 60 et 70, les japonais ont tout à prouver en matière d’automobile. Leur pragmatisme les a conduits à créer des voitures rationnelles et fiables, mais ils ont également très vite compris que pour séduire la clientèle des marchés européen et américain, il fallait des voitures sportives à même de véhiculer une belle image. Toyota s’est dotée de la 2000 GT et des Celica, Nissan, quant à lui, a proposé dès 1969 un petit coupé motorisé par un 6 cylindres sous le nom 240Z. La lignée des Z était née, avec un nom évocateur. Pendant longtemps, le Z était l’indice de vitesse des pneumatiques le plus élevé (> 240 km/h). La couleur est annoncée. La série des Z a traversé les décennies en se forgeant une image de voiture performante, fun et abordable. Encore aujourd’hui, le Z continue de séduire les passionnés de voitures, mais plus en Europe. La lignée s’est récemment éteinte avec la fin de commercialisation de la 370Z en 2020. Les normes trop restrictives et les changements de mentalités ont eu raison d’elle, mais comme une ode à sa vie remplie, Pelras Legend vous propose de revenir sur ce mythe à travers une version rarissime, la 370Z NISMO.
NISMO, ce n’est autre que la contraction de NISsan et MOtorsport.
Le département sportif du constructeur a été créé en 1984 afin de faire
rayonner la marque à travers plusieurs programmes sportifs. NISMO s’est,
notamment, illustré en endurance en remportant quatre fois le championnat IMSA
entre 1988 et 1991 dans la catégorie GTP. En 1992, c’est le sacre lors de la célèbre
course des 24h de Daytona. Après un bref retour en endurance au milieu de la
dernière décennie, NISMO se bat aujourd’hui en catégorie GT et en Formule E.
Un esprit de compétition, de sportivité et de performance
qui s’est rapidement retrouvé sur la route. La mythique Skyline GTR R32 est le
fruit des ingénieurs de NISMO qui l’ont conçu pour l’homologation de la version
rallye en Groupe A. Par la suite, NISMO s’affirme et appose ses lettres sur des
projets confidentiels, mais très enthousiasmants. La NISMO 270 R (1994) et la NISMO
400 R (1996) sont aujourd’hui des licornes adulées par les fans de voitures
japonaises. Le département sportif devait croiser la route des Z, c’était
inévitable. Une rencontre qui a lieu en 2007 avec la NISMO 350Z. Très rare sur
nos routes, elle pose les fondations des versions NISMO du nouveau millénaire.
Kit carrosserie spécifique, puissance accrue et réglages sportifs, voici une
recette qui va s’appliquer au petit SUV Juke, à la bestiale Nissan GTR et bien sûr à la 370Z
Apparue en 2009, la 370Z a très vite eu le droit à sa
déclinaison NISMO (V1) qui n’a pas été distribuée chez nous. Il faut attendre 2015
pour la voir débarquer et un des rares exemplaires a élu domicile chez nous.
Dès le premier coup d’œil, la NISMO transpire le sport. La
370Z a enfilé son survêtement pour exacerber ses lignes. Pare-chocs, bas de
caisse, diffuseur et ducktail sont spécifiques pour améliorer la portance
négative et offrir une meilleure gestion des flux d’air. Les jantes 19 pouces bi-ton
et les voies élargies de 15 mm à l’avant et à l’arrière lui offrent une assise
visuelle plus sportive. La NISMO est une célébration de la culture automobile japonaise
adepte des améliorations en tout genre. Ici tout est d’origine, même l’énorme silencieux
en inox et ses doubles sorties d’échappement de 120 mm de diamètre. NISMO ne
fait pas dans la demi-mesure et le travail est remarquable. La couleur Pearl
white typique, soulignée par un liseré rouge et les éléments noirs, laissent
admirer les galbes généreux de la 370Z. Une ligne reconnaissable entre mille
qui n’a pas réellement vieilli.
La touche NISMO ne s’arrête pas là. Une fois à l’intérieur,
la planche de bord au dessin atypique, qui accuse un peu plus le poids de l’âge, se voit améliorée par un traitement plus sportif. L’ensemble est gainé de cuir
et l’Alcantara s’invite sur le volant et les sièges Recaro spécifiques. Encore
une fois, le rouge est de la partie pour rappeler l’émotion et les pulsions incontrôlables.
Le désir prend le pas et nous attire vers le bouton start. Un bruit grave,
glougloutant et limite assourdissant se dégage des entrailles de la Z. La
double ligne ne fait pas de la figuration et laisse échapper les gaz des
chambres de combustion des 6 cylindres. C’est finalement la dernière bote
secrète de la 370z, un moteur généreux qui n’a pas succombé à la
suralimentation. Un dinosaure qui affiche fièrement sa cylindrée de 3,7 litres
à travers son nom, comme le veut la tradition. 3,7 litres de bonheur qui offre
dans cette version NISMO 344 ch (+13) et 371 Nm (+5). D’abord en ligne puis en
V depuis 1983, le 6 cylindres est une tradition sur la Z et si le gain de puissance
est négligeable sur le papier pour cette version NISMO, il permet de gagner 1
dixième au 0 à 100 km/h (5,2 s). Cependant, l’esprit NISMO est à prendre dans
son ensemble. Un esprit qui s’adresse au plus sportif d’entre vous. Celui qui
souhaite tirer le meilleur de sa machine.
NISMO met en avant la 370 Z sous son meilleur jour. Sur la
route, le sport se fait rapidement sentir. Bien calé dans les baquets, la Z se
montre ferme et secoue rapidement sur les routes les plus déformées. La NISMO
laisse le quotidien a la version classique pour se concentrer sur l’efficacité
pure. Le châssis est optimisé avec de nouveaux silentblocs, une barre
antiroulis plus épaisse et une nouvelle barre antirapprochement plus rigide. La
suspension est passée entre les mains de Yamaha avec des ressorts plus rigides
de 14% à l’avant et des amortisseurs plus fermes de 23% à l’avant et 41% à
l’arrière. Dès que l’horizon se dégage, la NISMO éveille vos sens. La
suspension plus ferme contient le roulis engendré par la masse assez élevé
(1610 kg). On ressent ce poids lors de gros transferts de charge, de freinage
appuyé et même dans la direction. Cette dernière se montre lourde mais tout de
même très précise et informative. Les pneumatiques larges jouent beaucoup dans
ce ressenti (245 AV et 285 AR !). Dès que le bitume n’est pas plat, la
voiture va avoir tendance à suivre les aspérités du bitume. Elle vous connecte instantanément
à la route et incite à être constamment en alerte pour la garder sur la bonne
trajectoire. Des sensations supplémentaires qui s’ajoutent à celles procurées
par son moteur. Très coupleux, le V6 tord les pneus arrière et arrache la 370Z
dans une force telle qu’on en oublie sa masse. Ici point de downsizing, on a
affaire à un gros atmosphérique qui, bien qu’assez linéaire, procure des
sensations oubliées. Il y a un réel plaisir à monter dans les tours pour
réveiller le moteur à plus de 4000 tr/min dans une bande-son authentique qui
passe du grave à un feulement plus aigu à l’approche de la zone rouge (7500
tr/min). Belle à regarder et savoureuse à entendre, elle fait tourner les têtes
à son passage. La NISMO dénote dans le paysage automobile et sa recette à
l’ancienne reconnecte son pilote à une conduite pure. Les manomètres dans le
champ de vision et le compte-tours central mettent dans l’ambiance. NISMO
sublime le comportement de la Z en la rendant plus incisive et efficace grâce à
son différentiel à glissement limité au rapport revu. L’adhérence est bonne sur
le sec mais laisse entrevoir une belle séance de glisse sur sol mouillé surtout
avec les aides déconnectés. La boite mécanique ferme et précise est un régal à
actionner. Le talon-pointe se fait facilement, mais pour les moins aguerris, il
suffit d’appuyer sur le bouton “ boite sport ” pour l’activer automatiquement.
Les freins à disques ventilés participent au ressenti très mécanique de la
voiture en étant suffisamment mordants et endurants.
Un constat apparaît rapidement. La 370Z n’usurpe pas le nom
NISMO. Ce qu’elle aime, c’est l’asphalte frais qui serpente. Grâce au
département sport, elle en ressort optimisée pour les circuits les plus
exigeants mais également pour les plus belles routes du monde comme celles du mont
Fuji, la California Dream Road ou encore le col de la Furka. C’est dans ces
conditions que la symbiose mécanique s’opère. Chaque élément trouve sa place
pour procurer un maximum de sensations et d’engagement. La direction suit votre
regard, tandis que la suspension raffermie verrouille rapidement les transferts
de masse sur le train arrière qui motrice sans sourciller avec le
différentiel. Les petites routes
reculées de nos campagnes ne sont pas sa tasse de thé avec un arrière plus
large que l’avant et sa tendance à suivre la moindre imperfection. La NISMO diminue
les capacités de voyageuse de la 370Z pour augmenter le plaisir mécanique. Une
philosophie rare qui parait hors du temps. C’est d’ailleurs la dernière NISMO et
même la dernière Z à être dotée d’un moteur atmosphérique. Si vous ajoutez à
cela que la version NISMO est peu répandue et que Nissan ne commercialisera
plus de voitures de sport en Europe en se contentant d’une gamme de SUV, et
vous avez sous vos yeux un vrai collector regroupant tous les ingrédients de la
passion automobile sauce wasabi !
Photos et textes par Donatien Le Clainche