S’il y a bien une voiture que tout le monde connaît, même
les néophytes, c’est bien la Mustang. Véritable icône de l’histoire de
l’automobile, elle a su traverser les âges et devenir, depuis 1964, l’un des
symboles des Etats-Unis au même titre que les GAFAM, les fast-foods et
Hollywood. Le cinéma a d’ailleurs contribué grandement à la constitution de sa
légende. C’est tout simplement la voiture de sport qui a fait le plus
d’apparitions sur le grand écran. Les passionnés du 7e art et
d’automobiles regardent toujours avec émoi Steve McQueen, alias Frank Bullitt,
dévaler les pentes abruptes de “ The city by the bay ” au volant
d’une Mustang Fastback de 1968. Une course poursuite d’anthologie qui a inspiré
de nombreux films par la suite. Chez nous, la Mustang a conquis nos cœurs lors
de son apparition dans Le Gendarme de Saint-Tropez en 1964. Anecdote :
celle utilisée est une présérie, la 145e à avoir été produite. Notre
star nationale, Johnny Hallyday participera également à son volant au rallye de
Monte Carlo en 1967. Des références lointaines qui pourtant parlent également
aux plus jeunes. La Mustang reste une voiture cool, le symbole d’une jeunesse
dorée américaine éprise de liberté. Bref, elle symbolise le rêve américain.
Un succès qui repose pourtant sur une recette simple. Des
gros moteurs, une ligne musclée et un rapport prix / performance imbattable. Si
la première génération, a la part la plus importante dans la construction de
son mythe avec de nombreuses versions de plus en plus performantes grâce
notamment au préparateur Shelby, les autres générations ne déméritent pas et
ont toujours répondu aux besoins de leur temps. Le renouveau du mythe est intervenu
en 2005 avec l’apparition de la 5e génération qui assume
clairement un style neo-rétro laissant de côté trois générations ennuyeuses.
C’est le nouvel âge d’or des Muscle Cars avec à côté les très réussies
Chevrolet Camaro et Dodge Challenger. Un regain d’intérêt qui s’est concrétisé
avec la 6e génération présentée en 2014.
Chez nous, le rêve devient enfin réalité avec l’importation
officielle par Ford Europe. Après 50 ans passés à lorgner sur le cheval cabré au
hennissement rauque, il était temps d’approcher le mythe. Pelras Legend vous
propose de vous replonger dans cette légende avec ce magnifique exemplaire
disponible à la vente.
La Mustang c’est avant tout une “ gueule ”. Le
petit pony car d’origine a laissé place à un vrai Muscle Car. 4784 mm de long, 2080
mm de large et 1381 mm de hauteur, elle ne fait pas dans la demi-mesure par
rapport à nos standards, mais elle paraît équilibrée et bien campée sur ses
jantes 19 pouces avec son design racé. Calandre agressive, toit fast back,
ailes bombées, gros diffuseur et feux à trois griffes, la Mustang se reconnait
au premier coup d’œil. Une ligne toujours plus moderne, mais diablement
attirante. Des lignes tendues qui transpirent le sport et la testostérone
d’autant plus dans cette configuration racing avec la teinte Jaune triple et
les bandes noires. Malgré un réel engouement lors de sa commercialisation avec
des ventes honorables, la Mustang se fait rare sur nos routes, surtout depuis l’augmentation
du malus. Elle attire toujours les yeux, mais provoque toujours le même
émerveillement auprès des passants. Une Mustang, c’est l’histoire d’une
philosophie ou d’une passion qui trouve souvent sa source dans un rêve de
gosse.
À l’intérieur, les progrès sont visibles du premier coup
d’œil. Le dessin de la planche de bord reprend les traits de la première
Mustang et l’impression de qualité est beaucoup plus présente que dans
l’ancienne génération. La Mustang a pris soin de sa plastique pour nous flatter,
nous autres les Européens. Il n’y a pas à dire, c’est réussi et comme toute
américaine qui se respecte elle est richement dotée : écran tactile 8
pouces avec système multimédia à commandes vocales Ford Sync 2, climatisation
bi zone, sièges chauffants et ventilés, régulateur de vitesse, caméra de recul
et système audio haut de gamme avec amplificateur dans le coffre.
Effectivement, les plastiques sont un peu durs, mais même après près de 7 ans,
ils sont toujours bien conservés. Un aspect qu’on oublie très vite dès qu’on
appuie sur le bouton start. Braoummm ! Le Mustang se réveille dans un son
grave clairsemé de glouglou. Oui la Mustang est indissociable du V8 même si
cette génération proposait un 4 cylindres 2.3L Ecoboost, mais ce n’est pas le
propos. Sous le capot, le fabuleux V8 5.0 Coyote qui revient dans une version
remaniée avec une nouvelle culasse, des bielles en acier fritté, un vilebrequin
en croix en acier forgé avec soupapes plus larges et aux ressorts rigidifiés, nouvel
arbre à cames plus pointu ainsi qu’une nouvelle gestion du calage variable. Il
opte également pour une injection indirecte multipoint éprouvée.
Toujours hermétique à la suralimentation par turbo, le V8
délivre sa puissance haut dans les tours. En dessous de 4000 tr/min, la
cylindrée généreuse et le couple de 524 Nm (plus de 100 N au litre !)
permet de belles relances pour cruiser coude à la portière dans un
feulement caractéristique d’un V8 Américain. Au-delà de
cette limite, les 421 canassons commencent à délivrer toute leur puissance dans
un son plus aigu et une poussée plus violente jusqu’à la zone rouge (7000
tr/min). Le V8 a du coffre et devient grisant à exploiter en haut du compte-tours.
God bless America.
Connu pour être fougueux ce Mustang, il a toujours aimé
faire des acrobaties, mais avec l’âge la sagesse l’envahit – pas trop quand
même – pour pouvoir galoper sur nos routes sinueuses. La Mustang s’essaye, pour
la première fois en grande série, à une suspension à quatre roues indépendantes.
Il y a bien eu la SVT Cobra R de 2000, mais elle était confidentielle. L’essieu
rigide est mis au placard pour cette génération afin de garantir une meilleure
agilité et précision. À l’avant, on retrouve un nouveau système de jambe
MacPherson à double rotule, monté sur un berceau rigide. À l’arrière, les
ingénieurs ont choisi une suspension multi bras en aluminium. On
ressent immédiatement cette architecture plus moderne et le châssis plus
rigide. La Stang’ se sent à l’aise dès que le décor tourne malgré sa masse de 1732
kg. Derrière son volant, on se sent en confiance, une fois qu’on a appréhendé
son gabarit et son grand capot nervuré qui occupe une grande partie de notre
champ de vision. La direction est assez directe, les transferts de masse sont
bien maitrisés. Le centre de gravité plus bas et la très bonne répartition des
masses (54/46) permettent des enchainements rapides sans sous-virage et avec
très peu de survirage – grâce au différentiel à glissement limité-. Si
toutefois l’envie d’un rodéo se fait sentir, il suffit d’appuyer 5 secondes sur
le bouton ESP pour désactiver toutes les aides et faire corps avec la machine.
Dans tous les cas, on se surprend à rouler fort dans des conditions normalement
précaires pour une Mustang. On peut également remercier les Pirelli P Zero performants
(255/40/19 AV ; 275/40/19 AR) et les barres anti-roulis majorées qui
viennent avec le pack performance monté d’office sur les Mustang européennes.
La Mustang étant une sportive moderne, elle propose de nombreux
mode (Normal, Sport+, Track et Snow/Wet) en plus des trois modes de
direction (Confort, Normal et Sport). Une voiture à la carte qui permet de
répondre à vos humeurs. Une envie de flâner durant de longues heures sur les
routes au doux son du V8 assis confortablement dans les larges sièges en cuir ?
Le mode Normal suffira. Soudain, vous êtes piqué par un Cobra et vous êtes pris
d’une montée d’adrénaline, le mode Sport + permettra de donner plus de
consistance à la direction, d’avoir une réponse à l’accélérateur plus directe
et de retarder l’action de la boîte de vitesses automatique. Une vraie
polyvalence d’usage, c’est encore un bon point dans la séduction des Européens.
Une polyvalence accentuée par la boîte de vitesses automatique à six rapports
Selectshift. Malgré quelques hésitations et passages de rapport tardifs en
conduite soutenue, elle sied bien à la philosophie de la voiture. La Mustang
est une voiture de cruising par excellence qui permet de faire voyager ses 4
occupants et ses 408 l de bagages dans une voiture singulière, à l’histoire
passionnante et au tempérament bien trempé. La boite manuelle qui était
disponible, est certes plus engageante, mais aussi plus fatigante avec son
lourd embrayage et son long étagement. Cette boîte manuelle, s’apprécie encore
plus dans la démoniaque Shelby GT350.
Le freinage a aussi été revu pour obtenir un bon mordant
compte tenu du poids. Merci aux freins Brembo avec disques ventilés (380
AV ; 330 AR) et étriers à 6 pistons à l’avant (1 piston à l’arrière). Avec
toutes ces améliorations, le poids n’est plus réellement l’ennemi de la Mustang
sauf pour sa consommation qui tourne autour des 15 litres / 100 km en mixte. Toutefois,
c’est à nuancer compte tenu de ses performances, de sa cylindrée et de son
rapport qualité /prix.
Car oui que ce soit en neuf ou en occasion, ce qui a toujours fait la force de la Mustang, c’est son prix. Elle devient abordable quand on la compare avec des voitures aux performances équivalentes. Les Américains sont généreux et ont voulu permettre à un maximum de personnes d’accéder à leur rêve. Ce n'est pas pour rien que la Mustang est régulièrement la voiture de sport la plus vendue dans le monde et même le coupé sport le plus vendu de tous les temps avec plus de 10 millions d’exemplaires produits. Une légende qu’il est indispensable d’avoir dans son garage !
Photos et texte par Donatien Le Clainche