Au tournant des années 2000, Porsche s'est lancé dans
l'élargissement de sa gamme afin de conquérir de nouveaux clients. La Porsche
Cayenne et la Porsche Boxster ont été rejointes en 2005 par un nouveau petit
coupé deux places dérivé du Boxster, le Cayman. Ce coupé à moteur central offre
une porte d'entrée aux amateurs de Porsche grâce à son comportement équilibré,
une finition exemplaire et des moteurs certes moins puissants que la 911, mais
tout aussi nobles. Bien que la Porsche 911 (lire Essai Porsche 911 GTS Cabrio) demeure la meilleure
vente, le constructeur a décidé de poursuivre l'aventure avec le Cayman pour
une deuxième génération en 2013. Plus mature, plus puissant et encore plus
désirable, le Cayman de type 981 se prend même pour une mini 911 avec sa
délicieuse version GT4, une sorte de 911 GT3 en réduction. En 2016, le Cayman
ajoute le 718 à son nom, signe d'une évolution conséquente.
Le modèle s'offre une cure de jouvence et modifie son offre
de motorisation pour des performances accrues tout en étant plus efficient afin
de répondre aux normes d'émissions de plus en plus drastiques. Aujourd'hui,
nous vous proposons de partir à la découverte de ce modèle à travers un
exemplaire exceptionnel.
Cette nouvelle génération du Porsche Cayman s'apparente
davantage à un profond restylage qu'à une toute nouvelle génération. Le design
évolue en douceur, avec plus de 70% de pièces nouvelles. Seuls le capot, le
coffre, le toit et le pare-brise restent inchangés. Pour le reste, la 718
Cayman adopte la nouvelle signature lumineuse à quatre points présente sur les
autres modèles, avec l'option PDLS sur notre exemplaire. Le design de la petite
sportive est toujours aussi marqué, avec de larges entrées d'air dans le
pare-chocs, sur les côtés, et un aileron actif. Huit ans après son lancement,
la voiture n'a pas pris une ride, et elle est même sublimée par cette
magnifique couleur rouge Carmin, soulignée par les touches d'aluminium et les
jantes Carrera Sport de 20 pouces, diamantées. Une configuration d'exception
qui s'invite également à l'intérieur, avec de très nombreuses options qui
subliment un habitacle déjà très bien fini. La filiation avec la génération
précédente est plus flagrante, avec seulement une modification des aérateurs et
l'apparition d'écrans de dernière génération compatibles avec Apple CarPlay. On
pardonne ce manque de nouveauté grâce à une finition exemplaire et une position
de conduite toujours parfaite, surtout avec les sièges Sport Plus à 18
positions de notre modèle. L'alliance entre le luxe et le sport se fait
d'autant plus sentir avec les différentes options choisies par le précédent
propriétaire : intérieur tout cuir, seuils de porte en carbone rétroéclairés,
appuie-têtes et accoudoir central avec logo Porsche brodé, pack intérieur
carbone, volant Sport GT chauffant inspiré de la Porsche 918 Spyder, pédalier
et repose-pied en aluminium, et pack Sport-Chrono.
Derrière cette nouvelle robe se cache une petite révolution
qui se situe juste derrière le pilote. Lors de sa présentation, Porsche a
suscité de nombreux débats en abandonnant les moteurs 6 cylindres pour de tout
nouveaux 4 cylindres. Pour justifier ce choix, Porsche fait le lien avec son
passé et associe le 718 Cayman à la mythique Porsche 718 RSK révélée aux 24h du
Mans 1957. Cette voiture de course, une amélioration de la non moins célèbre
Porsche 550 Spyder, était déjà motorisée par un 4 cylindres à plat, comme
toutes les Porsche de cette époque. L'histoire est ce qu'elle est, mais dans
les faits, les ingénieurs de Stuttgart ont travaillé dur pour faire oublier les
deux cylindres en moins. Disponible en 2.0 pour les versions de base ou en 2.5
litres pour cette déclinaison S, ces nouveaux 4 cylindres à plat sont plus
performants que les anciens moteurs. Dotée d'un turbo à géométrie variable
soufflant à 0.8 bar, la 718 Cayman S offre 350 ch et 420 Nm de couple entre
1950 et 4500 tr/min. Elle est plus performante que l'ancien Cayman GTS, tout en
consommant moins. Le 0 à 100 km/h est effectué en 4,2 s avec le pack Sport
Chrono de notre modèle, mettant ainsi fin au débat.
Sur la route, le 718 Cayman S déborde de vitalité, vous
catapultant de virage en virage avec une agilité déconcertante. L'association
de ce moteur avec la très réputée boîte de vitesses à double embrayage PDK
procure un sentiment de puissance infinie, tant les montées en régime sont
rapides, témoignant d'une mécanique d'exception, et les passages de rapport réalisés
en un claquement de doigt. La puissance, c'est bien, mais la communion
homme-machine, c'est mieux. Sur ce point, on retrouve toute la magie Porsche
avec une voiture réglée aux petits oignons. La direction à assistance
électro-hydraulique n'est ni trop légère ni trop lourde, offrant une lecture
optimale de la route tout en étant très précise. La suspension rabaissée de 20
mm avec le châssis sport et la suspension pilotée PASM, offre un excellent compromis
entre confort et précision de conduite grâce à un poids contenu (1460 kg).
En mode confort, la voiture se veut suffisamment conciliante
et agréable. Lorsque les virages apparaissent, les modes Sport et Sport+
permettent de gommer le roulis tout en préservant un certain confort. Le 718
Cayman S entre alors dans une autre dimension, et l'impression de conduire une
voiture plus sportive se fait sentir. Déjà, son gabarit plus contenu qu'une
Porsche 911 permet de l'appréhender plus facilement sur nos petites
départementales, permettant ainsi d'évoluer sans arrière-pensée. De plus, le moteur
en position centrale arrière change la donne par rapport aux moteurs en
porte-à-faux de la 911. La voiture est plus équilibrée et agile. Les transferts
de masse et le point de rotation se font au niveau de votre dos, permettant de
détecter les moindres sollicitations de la voiture.
Virage en vue, je rétrograde en quelques millisecondes avec
les palettes en aluminium, le moteur gronde. J'amorce les étriers à quatre
pistons qui serrent de larges disques ventilés et percés de 330 mm à l'avant et
299 mm à l'arrière. Le transfert de charge permet de charger le train avant qui
plonge vers la corde. L’axe central de la voiture s’équilibre et le train
arrière mobile se place facilement. Il n'hésite pas à signer d'une petite
virgule si on est trop gourmand à la reprise des gaz. Le comportement est sain,
addictif, et les limites sur route ouverte sont lointaines avec les pneus (235
AV et 265 AR).
La force du 718 Cayman S réside dans sa capacité à offrir un
comportement routier exceptionnel sans avoir besoin de rouler à des vitesses
inavouables. Le Flat-4 n'a certes pas la mélodie des anciens 6 cylindres, mais
il propose une partition sonore caractérielle. La bande sonore de fond rappelle
par moments les anciens 4 cylindres à plat refroidis par air. Ce moteur
n'hésite pas à hausser le ton avec un grondement accentué par la résonance avec
la vitre arrière. On entend l'admission travailler, l'échappement sport de
notre modèle pétarader, et le volume sonore s'élève à mesure que l'aiguille du
compte-tours central approche les 7400 tr/min. Nous sommes loin de certains 4
cylindres plus aseptisés, et c'est tant mieux !
En conclusion, Porsche a réussi à présenter une nouvelle
génération de Cayman, plus performante, plus efficiente, tout en restant
extrêmement plaisante à piloter. Notre modèle, qui est équipé de plus de 30 000
€ d'options et qui n'a parcouru que moins de 24 000 km depuis 2016, affiche un
excellent rapport prix/prestation. Cela est d'autant plus remarquable depuis
l'instauration du nouveau malus en 2024, qui a rendu la 718 Cayman neuve
inaccessible, avec une augmentation de 60 000 € à ajouter à la facture. Surtout,
il est important de souligner que le Cayman thermique vit ses derniers mois
avant l'arrivée de la nouvelle génération, qui abandonnera purement et
simplement les moteurs à pistons au profit de moteurs électriques. Il est donc
encore temps de profiter des plaisirs d'un moteur performant, sonore et
gratifiant à conduire !
Photos et texte par Donatien Le Clainche