Essai BMW Z3 M : un cabriolet comme on les ///M

26.09.2022

1995, l’Organisation Mondiale du Commerce est fondée, Janet et Mickael Jackson signent le clip le plus cher de l’histoire avec Scream et BMW revient sur le marché des roadsters avec le Z3.

Longtemps boudé par les constructeurs à cause des normes américaines, le segment des roadsters ressurgit à l’aube des années 1990 avec la Mazda MX5. Dans une moindre mesure, BMW tente une première incursion avec la Z1 en 1988. Véritable laboratoire roulant avec ses portes rétractables et ses matériaux composites, la première Z, pour “ Zukunft ”, futur en allemand, était élitiste.

Il fallait transformer l’essai et proposer un produit plus raisonnable permettant de démocratiser le genre, la Z3 était née.

Une ligne intemporelle

Le charme opère immédiatement avec sa ligne qui rafraîchit le design BMW. Long capot, habitacle reculé et porte à faux réduits, le Z3 séduit et réalise des clins d’œil à son aïeul, la 507 avec les prises d’air latérales. Initialement proposé qu’avec des 4 cylindres, le Z3 devient une véritable BMW en 1997 avec l’apparition de deux moteurs 6 cylindres, dont un destiné à la délurée version M.

Le Z3 M se distingue par sa musculature plus bodybuildée, ses quatre sorties d’échappement et son intérieur cuir bi-ton optionnel. L’habitacle évoque le sport avec ses nombreux manomètres qui indiquent successivement, l’heure, le voltage de la batterie et la température d’huile. La force de ce Z3 c’est de ne pas avoir vieilli et d’être toujours dans le coup 25 ans plus tard, d’autant plus dans cette configuration élégante noire – bordeaux. Le charme opère immédiatement. 

Un moteur légendaire

Si le look fait tourner les têtes, la fiche technique donne le tournis : 6 cylindres 3.2 L de la BMW M3 e36, avec 321 ch et 350 Nm de couple. Avec 100 ch par litre, le moteur entre dans le cercle fermé des moteurs au meilleur rendement de l’époque, le plaçant au niveau de certaines Ferrari.

Le moteur est réellement la pièce maîtresse de la Z3 M et transforme le petit roadster sage en une voiture de course avec ses accélérations dignes d’une moto. Sa botte secrète, un système de calage variable des soupapes qui permet d’allier couple à bas régime et allonge. Une double personnalité qui permet soit de cruiser paisiblement sur le couple, avec le feulement sourd du 6 cylindres en arrière-plan, soit de pousser chaque rapport pour obtenir une des meilleures bandes-son au charme authentique.  On ressent réellement deux poussées distinctes, l’une à 2500 tr/mn et l’autre à 5500 tr/mn, avant de s’éteindre à 7600 tr/mn. C’est tellement grisant que l’on en redemande, surtout quand la poussée est accompagnée d’une des meilleures symphonies de l’automobile. Un son aigu, sans artifices, qui vient bercer vos oreilles une fois décapoté.

Cette poussée est infatigable et on se prend à jouer de l’excellente boîte de vitesses ferme et précise pour orchestrer ce moteur. Je regrette seulement une pédale d'embrayage à la course un peu longue et un étagement long. D’ailleurs, une sixième ne serait pas de trop sur les voies rapides.

Le diable s’habille en Prada

Pour accueillir une telle fougue, le châssis a été lourdement retravaillé. Pour cette partie aussi, les ingénieurs sont allés piocher dans la banque d’organes du constructeur. Le châssis est repris de la M3 E30 avec des modifications propres au Z3. Les voies ont été élargies et les essieux renforcés. Malgré tous les efforts, l’âge du châssis se ressent et manque de rigueur par rapport aux standards actuels.  À haute vitesse, ce qui frappe, c’est la légèreté ressentie. Je m’attendais à ressentir plus de poids à l’avant du fait du moteur, mais il n’en est rien, la direction déroute par sa légère et la voiture réagit avec vivacité. Le surplus de poids se ressent finalement lors des phases de freinage et sur des appuis prononcés avec l’avant qui vient s’écraser, il faut donc être vigilant lors des transferts de masse sous peine de sous-virer. Sur des parcours moins techniques, le roadster avale les virages avec aisance. Malgré un léger flou au niveau du point milieu de la direction, on sent le caractère directeur du train avant qui vient verrouiller la proue avant que la poupe ferme le tout en enroulant généreusement. Ah oui, j’allais oublier mais cette fougueuse Z3 est dépourvue d'ESP ce qui lui a donné une réputation de voiture délicate à conduire. En pratique, elle ne m’a jamais tendu de piège et je n’ai pas retrouvé l’aspect piégeur évoqué à sa sortie. J’ai sûrement trouvé la raison en regardant la monte de pneu. Les Michelin Sport 4S jouent ici le rôle de fusible en évitant toute figure de style. On ressent que les pneus sont sous contraintes à l’écoute des crissements dans de nombreux virages rapides. J’imagine alors le comportement avec des pneus à plus faible adhérence et je comprends mieux pourquoi elle pouvait être dangereuse. Ici, je n’ai eu aucune perte d’adhérence que ce soit à l’accélération ou en latéral, tout du moins sur le sec. C’est probablement une autre histoire sur le mouillé. 

Le freinage rappelle aussi son âge de conception avec un manque de mordant typique des BMW de ces années-là. Finalement, la Z3 M se déguste décapotée, sur de grandes routes légèrement sinueuses, coude à la portière pour profiter du bain de soleil et du bain auditif.

L’alternative, le coupé

Pour les plus sportifs d’entre vous, il existe une option au nom de Z3 coupé. En 1997, BMW a la très bonne idée de proposer une version coupée de son roadster. Cette version atypique en forme de break de chasse avec hayon vise immédiatement les amoureux de voitures de caractère. Plus de 25 ans après, le Z3 coupé est adulé pour sa ligne unique qu’on ne retrouvera plus jamais et ses moteurs puissants, tous dotés de 6 cylindres. La déclinaison la plus désirable reste aussi la version M, bien plus rare que le cabriolet mais pourtant bien plus sportive, le toit permettant d’apporter le surplus de rigidité qui manquait au roadster. Au total, moins de 18 000 exemplaires seront produits, ce qui en fait un réel collector.

BMW a réussi à faire une voiture attachante, une sorte de Frankenstein de l’automobile qui mélange les genres entre cabriolet paisible et sportivité brute. On remercie la folie des ingénieurs d’avoir placé un moteur de course dans une voiture désirable et malgré ses imperfections, son histoire et son aura la rend indispensable au sein d’une collection. Quelle voiture !

Texte et photos par Donatien Le Clainche

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