Essai BMW M5 F90 : la dernière 100% thermique

01.08.2024

À l’occasion du Tour Auto, dont BMW est partenaire majeur, nous avons sorti une icône de l’automobile sportive pour nous rendre à Nogaro avec le club BMW Midi-Pyrénées. La BMW M5 est une véritable institution dans le monde des berlines sportives. Après tant d’années et de générations, nous vous proposons de découvrir la dernière BMW M5 100 % thermique de l’histoire. Est-elle la meilleure génération ?

La première berline sportive de l’histoire

Remontons quelque peu le temps. Nous sommes en 1985, les chocs pétroliers ont laissé place à une nouvelle période de renouveau où la course à la puissance et à la vitesse a pris un nouveau tournant. L’automobile se dote de nouvelles légendes qui font toujours parler d’elles. De l’autre côté du Rhin, BMW, qui a lancé officiellement sa branche sportive Motorsport en 1974, réfléchit à développer une gamme à part entière. Après le projet passionnant mais trop coûteux de la BMW M1, première ///M de l’histoire, le constructeur décide de s’attaquer aux modèles déjà existants. Les ingénieurs jettent leur dévolu sur la BMW Série 5 E28, qui brille déjà par son côté luxueux, dynamique et performant avec la M535i. La base est bonne et, en 1985, la première BMW M5 de l’histoire est présentée. Avec son six cylindres en ligne dérivé de la M1 et son comportement routier joueur, la M5 établit de nouveaux codes et crée le segment des grandes berlines sportives capables de rivaliser avec les meilleures sportives. Un segment qui sera rejoint quelques années plus tard par la Mercedes E 500, que nous avons déjà essayée ici.

Une véritable icône qui a trouvé sa place dans la gamme en évoluant à de nombreuses reprises pour conserver son statut. La BMW M5 E34 sera la dernière à proposer un six cylindres, avant d’être remplacée par le V8 de la M5 E39, qui visait à séduire le marché américain. Au début des années 2000, l’engagement de BMW en F1 donne naissance à la BMW M5 E60, dotée d’un incroyable V10 à la sonorité remarquable. Sur la M5 F10, l’heure est au downsizing avec le retour d’un V8, cette fois-ci suralimenté. Les puissances sont en hausse, le comportement routier est toujours aussi exaltant, alors c’est avec impatience que les aficionados de la marque ont dû attendre le Salon de Francfort de 2017 pour découvrir la nouvelle BMW M5, génération F90, qui évolue encore une fois.

La première M5 à quatre roues motrices

Esthétiquement, la M5 F90 ne déroute pas. On retrouve les codes traditionnels avec un pare-chocs avant aux prises d’air généreuses, des ailes galbées et un diffuseur spécifique incluant les quatre sorties d’échappement. Cette génération est à la fois belle et sportive. Elle a sa place aussi bien devant un hôtel de luxe que dans les paddocks d’un circuit. Notre exemplaire, doté de la belle teinte Snapper Rocks Blue, nous transporte au bord de l’eau, sur le boulevard Ocean Drive de Miami, bien connu pour ses couleurs vives et ses nombreuses voitures de sport.

À l’intérieur, pas de révolution non plus, avec toujours plus de confort et de nouvelles technologies pour transporter dignement les passagers à vitesse supersonique : HiFi Harman Kardon, affichage tête haute, Park Assist, climatisation automatique à 4 zones, connectivité avancée avec recharge sans fil, écran de 10,25’’ et limiteur/régulateur de vitesse.

On remarque l’apparition de deux boutons M rouges sur le volant, permettant de paramétrer des modes personnels et sportifs avec les nombreux réglages qu’offre la nouvelle transmission. Car, oui, si à l’extérieur le changement est dans la continuité, dessous, c’est la révolution.

La BMW M5 inaugure la nouvelle transmission M xDrive, qui transmet la puissance aux quatre roues tout en favorisant la propulsion. Un choix dicté par certains marchés, comme la Suisse, où il était devenu très difficile de juguler la puissance de plus en plus élevée sous des conditions climatiques délicates. Une M5 qui n’est pas en propulsion, sacrilège, vous me direz ? Rassurez-vous, les ingénieurs Motorsport sont de vrais passionnés. Ils ont gardé la possibilité de revenir en 100 % propulsion dans les menus, avec la seule contrainte de désactiver l’ensemble des aides. Il n’y a que vous et la machine. Preuve en est, elle a battu en son temps le record du plus long drift avec une distance de 374,17 km.

Des performances de premier ordre

Cette nouvelle transmission accompagne toujours l’excellent V8 4.4 Biturbo de 600 ch et 750 Nm de couple, qui offre des accélérations phénoménales sans perte d’adhérence. Le 0 à 100 km/h est réalisé en 3,4 s, la barre des 200 km/h en 11,1 s, et si vous attendez encore quelques secondes, vous atteignez finalement les 305 km/h. Des performances exceptionnelles dignes d’une vraie sportive dans une voiture de près de 5 m de long et de 2 tonnes, avec un coffre de 530 l. L’ADN est préservé.

Pour accompagner cette montée en puissance, l’ancienne boîte à double embrayage DKG laisse place à une boîte classique à convertisseur de couple ZF8, baptisée M Steptronic, qui fonctionne parfaitement et permet de choisir entre trois modes de fonctionnement plus ou moins sportifs avec la fonctionnalité Drivelogic.

Confort et sport : un comportement routier hors pair

Dans les modes les plus confortables, l’impression de conduire une simple Série 5 est réellement présente. Grâce à la suspension pilotée, elle reste confortable malgré les jantes de 19 pouces et les réglages plus fermes du châssis, doté d’une double triangulation à l’avant et de bras multiples à l’arrière. Seuls quelques sons du V8 trahissent son pedigree. La M5 est une parfaite voyageuse qui s’apprécie énormément dans ces conditions, mais qui vous procure le grand frisson quand le compteur vire au rouge sous l’impulsion du mode Sport+.

Les clapets s’ouvrent, les gaz d’échappement donnent une voix grave au V8, qui se réjouit d’hausser le ton avec de nombreuses pétarades lors des changements de rapport. La partition musicale se fait bien entendre derrière le volant, mais ceux qui en profitent le plus sont à l’extérieur. Cette musique accompagne merveilleusement le travail d’orfèvre des ingénieurs. 

La voiture se montre d’une précision et d’une agilité déconcertantes malgré son gabarit et l’absence de roue arrière directrice. À l’approche des virages, le solide système de freinage, composé de disques ventilés en acier (396 mm à l’avant et 381 mm à l’arrière) et d’étriers à 6 pistons à l’avant et mono-piston à l’arrière, permet des transferts de masse rapides pour charger le train avant, qui dirige avec fermeté sans sous-virer, permettant au train arrière de se déplacer suffisamment pour enrouler et donner l’impression de conduire une pure propulsion. À la remise des gaz très tôt, la transmission fait son effet et tracte avec force la M5, qui vous catapulte entrecoupée d’à-coups, tous les 7 200 tr/min, dus à la boîte de vitesses en mode Sport+, jusqu’au prochain virage. On recommence avec entrain. La voiture est sûre, efficace et reste campée sur ses positions. Mais si vous êtes taquin avec la pédale d’accélérateur, vous pouvez engendrer quelques virgules dans le mode 4WD Sport, et si vous avez envie de prendre un plein d’adrénaline, il suffit de passer en 2WD pour ressusciter l’essence même de la M5 : alias la bruleuse de gomme. Dans ce mode, la conduite se veut plus engageante, plus fine pour ne pas se faire surprendre par les 600 ch, mais la voiture reste bluffante dans la maîtrise des mouvements malgré la masse. Au fil des kilomètres, la confiance s’installe et le pilote découvre de nouvelles possibilités dans un monde qui semble infini tant les limites paraissent loin sur route ouverte.

On sent que les ingénieurs y ont mis du cœur avec un développement réalisé sur les circuits de Miramas et du Nürburgring.

Le bilan de la BMW M5 : une voiture à collectionner ?

On aurait pu croire qu’en lisant la fiche technique, la BMW M5 F90 renie ses origines, mais une fois au volant, il n’en est rien. Confortable et dotée des dernières technologies, elle est toujours capable de transporter cinq personnes et leurs bagages à des vitesses inavouables, avec des performances dignes d’une Porsche 911, tout en restant amusante et addictive à conduire sur les routes les plus exigeantes. Cette génération est plus que jamais un véritable couteau suisse qui laisse entendre pour la dernière fois le V8 4.4 sans artifices. La nouvelle génération de M5 vient d’être présentée avec une motorisation hybride rechargeable et un poids en forte hausse. Il se pourrait donc bien que la M5 F90 soit un véritable collector et représente l’aboutissement ultime de la super berline avant le passage à une nouvelle ère. Découvrez-la sans plus attendre dans notre concession ou sur notre site web.

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