En 2022, il n’y a pas que BMW M qui a fêté son demi-siècle,
il y a aussi l’une des berlines les plus connues dans le monde, la BMW Série 5.
Un double anniversaire pour la marque à l’hélice qui permet de revenir sur
l’une des toutes premières Série 5 à avoir porté la lettre M, la M535i.
Lancée en 1972 pour remplacer les berlines Neue Klasse, la
BMW Série 5 évolue en profondeur pour devenir une référence dans sa catégorie.
Son design iconique, initié par le célèbre designer français, Paul Bracq,
respire la modernité et cache un châssis aux prétentions sportives. Des
prétentions qui ne seront mises en valeur qu’à la fin de la carrière de la
première génération, en 1980. À cette époque, BMW Motorsport vient tout juste
de sortir sa première voiture portant son nom, la fabuleuse M1. Un projet
fondateur pour BMW M qui osera par la suite apposer sa patte sur d’autres
modèles de la marque. La première voiture à recevoir cet honneur est donc la
M535i E12. Une lettre qui annonce l’association d’un châssis plus ferme avec un
moteur 6 cylindres puissant. Du côté des soubassements, la magie M opère avec un pont
autobloquant, des nouveaux ressorts et des amortisseurs Bilstein. Sous le capot,
le pas d’une version ultra sportive n’a pas encore été franchi. Les ingénieurs
reprennent seulement un moteur de la gamme supérieure, le 6 cylindres 3.5 litres de
218 ch et 310 Nm. Une première déclinaison qui a disparu des radars à cause de
sa rareté. Seulement 1410 exemplaires ont été produits en Europe et la plupart
ont disparu avec la rouille.
Un jalon d’essai qui sera reconduit par les équipes de
Motorsport avec la nouvelle génération E28. Présentée en 1981, cette nouvelle Série
5 reste dans la continuité de la E12, tout en introduisant de nombreuses
nouveautés. Elle adopte le premier moteur diesel de BMW en 1983 et se décline
en une furieuse déclinaison M en 1985. Remontons le temps, en 1984 pour
découvrir la dernière étape, juste avant la création de la légendaire M5, avec
la M535i E28.
Les ingrédients qui ont façonné la M535i e12 sont réutilisés
sur la e28. Des réglages sportifs spécifiques accompagnent le 6 cylindres 3.5 litres de 218 ch des 635 CSI. Toujours le même. Pour les liaisons au sol, le châssis
sport est imposé d’office. Il propose une suspension raffermie dotée d'amortisseurs
à gaz Bilstein et d'une caisse abaissée avec des ressorts M-Technic plus
fermes. La section des barres anti-roulis a également été revue. Les trains
roulants chaussent, à l'origine, des jantes Motorsport prévues pour les
Michelin TRX en 220/55 VR 390 qui finissent de clôturer un comportement routier,
sain et dynamique. L’autobloquant permet d’enrouler chaque virage avec aisance.
Un châssis sport qui se devait d’être accompagné d’un design
qui l’est tout autant. La carrosserie fleure bon les années 80. Au programme
des pare-chocs spécifiques avec les antibrouillards intégrés à l’avant, et la double
sortie d’échappement à l’arrière, des élargisseurs d’ailes et des bas de caisse
inédits. Un petit béquet en plastique noir complète une ligne qui n’a pas
vieilli.
Dans les années 80, posséder une BMW c’est rouler dans une
voiture moderne à la position de conduite parfaite. La planche de bord tournée
vers le conducteur fait preuve de modernité avec une excellente finition, de
nombreux équipements (ordinateur de bord, ABS, climatisation, airbag passager...)
et une bonne ergonomie. Pour la touche sportive, on retrouve des sièges Recaro
siglés M et un volant à trois branches qui tombe parfaitement entre les mains.
La main droite s’occupe d’activer le levier de vitesses de la boîte Getrag avec
grille inversée (première en bas à gauche) à la commande ferme mais précise.
L’embrayage et la direction assistée se révèlent un peu lourds dans la
circulation actuelle, mais au fur et à mesure que l’urbanisation laisse place à
la campagne, la M535i prend tout son sens avec un comportement intuitif, précis
et suffisamment joueur. Son 6 cylindres n’arrive pas au bout des limites du
châssis. Avec un son grave et feutré, il permet des performances très
honorables, mais ne joue pas la carte de la sportivité avec une zone rouge
placée à 6000 tr/min. La M535i se présente plus comme une GT à la fois
confortable et suffisamment dynamique pour lui permettre de rattraper des
petites sportives sur les routes sinueuses. Une reine des Autobahnen et des
départementales qui laisse sa place sur circuit à la M5, qui a façonné sa
légende avec son moteur issu de la M1 et sa zone rouge à 6900 tr/min.
Avec seulement 9483 exemplaires produits sur les deux sites
de production (Allemagne et Afrique du sud) la M535i se fait rare. Il est donc
difficile de trouver un bel exemplaire qui soit parfaitement suivi. N’hésitez
pas à faire appel à notre expertise pour vous dénicher un magnifique exemplaire
de cette légende qui a permis à la lettre ///M d’écrire ses lettres de noblesse en
se démocratisant un peu plus.
Photos et texte par Donatien Le Clainche