Lamborghini Huracan STO VS Ferrari 430 Scuderia 16M : de la piste à la route

21.03.2024

Depuis les débuts de l'automobile, les liens entre la compétition et les voitures de route sont très forts. Pour imager, les nouvelles technologies étaient testées le week-end avant de se retrouver la semaine sur les voitures de tous les jours. Ces liens étroits ont permis de grandes avancées, notamment grâce aux courses d'endurance comme les 24 heures du Mans. Le frein à disque, les antibrouillards ou l'aérodynamique ont été perfectionnés lors de ces courses. Ces synergies sont encore plus étendues lorsque l'on évoque les constructeurs prestigieux.

Ferrari est bien entendu le premier constructeur qui nous vient à l’esprit. Enzo Ferrari était un grand passionné de sport automobile. Avant d'apposer son nom sur de belles carrosseries, Enzo et sa Scuderia Ferrari parcouraient les circuits du monde entier au volant des Alfa Romeo. À partir de 1947, Ferrari produit ses propres voitures mais ne s'intéresse réellement qu'à la compétition. Les voitures de route sont produites uniquement pour financer son appétit sportif. Ainsi, ces voitures de route vont rapidement trouver leur place au panthéon de l'automobile grâce à leur beauté, leurs motorisations d'exception directement issues des voitures de courses et leur rareté. Enzo jouait sur la frustration de ses clients prestigieux pour susciter encore plus le désir de posséder une Ferrari.

La compétition permet de vendre et de créer le rêve. Dans les années 1990, Jean Todt a favorisé ces liens entre la piste et la route avec de nombreuses innovations qui se sont retrouvées sur les voitures de série. Le fond plat, les matériaux nobles et la boîte F1 sont autant d'éléments inspirés de la compétition.

Ferrari 430 Scuderia 16M : un hommage à la Formule 1

Sur la route, il y a un modèle dans l'histoire du constructeur qui affiche fièrement ses liens. La Ferrari 430 Scuderia 16M est venue célébrer le 16ème, et dernier à ce jour, titre de champion du monde en F1 lors de la saison 2008 avec Felipe Massa et Kimi Raïkkönen.

Rien que son nom évoque le lien avec l'écurie de F1, mais contrairement à la Ferrari 360 Challenge Stradale qui était une voiture de course homologuée pour la route, la 430 Scuderia a changé de paradigme en étant une voiture de route coursifiée pour un meilleur compromis. Une différence d'approche qui n'enlève rien à la magie et à la sophistication de ce modèle.

Sous la vitre en Lexan se trouve un V8 4.3 en aluminium qui sur cette version se dote d'un nouveau collecteur d'admission en carbone, de nouveaux pistons et de pipes d'admission polies ainsi que d'un échappement spécifique et d'une gestion électronique inédite pour augmenter le taux de compression et produire une mécanique performante délivrant 510 ch à 8500 tr/min et 470 Nm de couple. Avec plus de 118 ch par litre, son rendement est exceptionnel à sa sortie et offre une sonorité brutale et organique. Ses montées en régime sont rapides et infatigables pour le plus grand bonheur de son pilote.

À l'intérieur, l'habitacle est dépouillé et laisse apparaître l'aluminium, le carbone et l'Alcantara pour une atmosphère de course et un allégement de 80 kg sur cette version 16M.

On retrouve également d'autres éléments inspirés de la F1, tels que le différentiel électronique E-diff associé au contrôle de traction F1-Trac pour des passages en courbe plus rapides. La boîte de vitesses F1 est reconduite dans une nouvelle version “ Superfast II ”, qui porte bien son nom. Les passages de rapport au-dessus de 3000 tr/min sont aussi rapides qu'une F1 de 1999, avec 60 millisecondes ! L'aérodynamisme est retravaillé pour gagner 10 % d'appui et atteindre 300 kg à 300 km/h. Le système de freinage très endurant est directement dérivé de la compétition, avec d'énormes disques en carbone-céramique de 398 mm à l'avant et 350 mm à l'arrière, avec des étriers à 6 et 4 pistons.

Toutes ces technologies fonctionnent en harmonie grâce à l'implication de Michael Schumacher dans le développement de la 430 Scuderia. Il a notamment contribué au paramétrage du Manettino – autre technologie issue de la compétition – avec 5 modes différents :

- CST off, qui déconnecte toutes les aides sauf l'ABS.

- CT off, qui ne déconnecte que le contrôle de traction.

- Race, qui retarde l'intervention des aides à la conduite pour le circuit.

- Sport, pour une utilisation sur route.

- Basse adhérence.

Ces modes dictent les réponses de la boîte, du moteur et de la suspension. D'ailleurs, la suspension pilotée peut être réglée indépendamment afin de choisir la position la plus souple dans le mode le plus sportif, et inversement.

Cette débauche de technologies a permis à la Ferrari 430 Scuderia de réaliser des temps aussi rapides que la Ferrari Enzo sur la piste de Fiorano en 1'25". Une véritable voiture de course limitée à seulement 499 exemplaires dans cette version 16M.

Lamborghini Huracan STO : le début d’une histoire sportive

En Italie, il y a un voisin pas très commode qui a lui aussi sa propre histoire entre sport automobile et voiture de route. Bien que Lamborghini existe depuis 1963, son histoire avec le sport automobile est récente. Contrairement à Ferrari, Ferruccio Lamborghini a dès le début refusé de s’engager en compétition, voyant dans la course un coût trop élevé et une captation de ressources trop importante. Le projet P400 qui donna naissance à la mythique Miura est assez évocateur de cet état d’esprit. Conçue par des ingénieurs de renom, pour la plupart venant de chez Ferrari et du monde de la course, comme Dallara, la Miura a été pensée pour être une voiture de course. Celle qui a lancé et dicté le style des voitures de sport les plus extrêmes n’a pourtant jamais vu l’ombre d’un paddock, malgré la très rare version expérimentale Miura Jota. Les décennies passent et les liens avec la compétition se font timides. Dans les années 1970, Lamborghini est appelé pour la conception de la BMW M1 qui doit être engagée en Groupe 4 et à l'aube des années 1990, Lamborghini devient fournisseur de moteur en Formule 1 entre 1989 et 1993.

Les années 1990 marquent la conception de deux Diablo Supertrophy de course avant que le rachat par le groupe VW ne lance réellement un vrai programme sportif. La Lamborghini Murcielago se décline en version GTR pour les différents championnats GT3 et à partir de cette période Lamborghini ne va qu'intensifier son engagement sportif. En 2009, la firme de Sant'Agata Bolognese lance son championnat monomarque Super Trofeo, insufflant un vent nouveau.

La décennie 2010 marque de nombreuses victoires avec la Huracan GT3, qui se soldera par trois victoires dans sa catégorie aux 24h de Daytona en 2018, 2019 et 2020. Lamborghini se sent pousser des ailes et s’est engagée pour la première fois dans la catégorie reine de l’endurance avec sa Hypercar SC63.

Toute cette nouvelle identité liée au sport automobile a commencé à se retrouver sur des modèles de route. Des noms comme Performante, Super Veloce, Superleggera, ont pris place sur le capot des Lamborghini, mais ces créations étaient plus des modèles images que des voitures réellement faites pour le circuit. Il fallait donc que Lamborghini rectifie le tir et réalise enfin une voiture aux caractéristiques dignes du design spectaculaire et racé de ses modèles. Cette création n’est autre que la Lamborghini Huracan STO pour Super Trofeo Omologato, un nom évocateur comme l’est la Scuderia chez Ferrari. L’ADN sportif est enfin réellement présent sur une Lamborghini de route.

Déjà, son kit carrosserie composé à 75% de matériaux composites a été revu en profondeur pour gagner 53% d’appui supplémentaire. La STO hérite de la voiture de course d’une partie avant “ Cofango ” en monobloc qui intègre pare-chocs, capot et ailes. Une pièce spectaculaire qui fait peur aux assureurs ! À l’arrière, l’écope de l’admission d’air impressionne, tout comme sa dorsale qui se fond sur un aileron fixe entièrement réglable à la main. Les jantes sont en magnésium et la balance indique 50 kg en moins.

À l’intérieur, l’habitacle se pare d’Alcantara et de carbone pour une atmosphère toujours aussi unique, intégrant une télémétrie embarquée, un rangement pour le casque du pilote, un arceau en titane et des baquets carbone avec harnais 4 points. C’est une première pour une Lamborghini. Cette fois-ci, le lien entre course et route est réellement établi. Derrière le pilote, on retrouve le V10 5.2 litres qui résonne sur les circuits du monde entier depuis de nombreuses années. La cartographie a été revue pour les hauts régimes, mais la puissance reste inchangée à 640 ch par rapport à une Huracan EVO. Le couple diminue même à 565 Nm car la STO est une pure propulsion comme les Lamborghini de course. Elle adopte en plus des roues arrière directrices qui permettent, avec les voies élargies et la suspension plus rigide, d’offrir une vivacité et une précision de conduite jamais vues jusqu’alors sur une Lamborghini.

Ces deux voitures d’exception, qui transcendent les liens entre la route et la piste, ont pris place dans notre showroom. La Ferrari 430 Scuderia 16M symbolise l’apothéose de la Scuderia Ferrari aux multiples succès tandis que la Lamborghini Huracan STO représente la prise de conscience de l’intérêt du sport automobile chez Lamborghini. Aux amateurs de track day, cette Lamborghini prestigieuse est toujours disponible.



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