Depuis les débuts de l'automobile, les liens entre la
compétition et les voitures de route sont très forts. Pour imager, les
nouvelles technologies étaient testées le week-end avant de se retrouver la
semaine sur les voitures de tous les jours. Ces liens étroits ont permis de
grandes avancées, notamment grâce aux courses d'endurance comme les 24 heures
du Mans. Le frein à disque, les antibrouillards ou l'aérodynamique ont été
perfectionnés lors de ces courses. Ces synergies sont encore plus étendues
lorsque l'on évoque les constructeurs prestigieux.
Ferrari est bien entendu le premier constructeur qui nous
vient à l’esprit. Enzo Ferrari était un grand passionné de sport automobile.
Avant d'apposer son nom sur de belles carrosseries, Enzo et sa Scuderia Ferrari
parcouraient les circuits du monde entier au volant des Alfa Romeo. À partir de
1947, Ferrari produit ses propres voitures mais ne s'intéresse réellement qu'à
la compétition. Les voitures de route sont produites uniquement pour financer
son appétit sportif. Ainsi, ces voitures de route vont rapidement trouver leur
place au panthéon de l'automobile grâce à leur beauté, leurs motorisations
d'exception directement issues des voitures de courses et leur rareté. Enzo
jouait sur la frustration de ses clients prestigieux pour susciter encore plus
le désir de posséder une Ferrari.
La compétition permet de vendre et de créer le rêve.
Dans les années 1990, Jean Todt a favorisé ces liens entre la piste et la route
avec de nombreuses innovations qui se sont retrouvées sur les voitures de
série. Le fond plat, les matériaux nobles et la boîte F1 sont autant d'éléments
inspirés de la compétition.
Sur la route, il y a un modèle dans l'histoire du
constructeur qui affiche fièrement ses liens. La Ferrari 430 Scuderia 16M est
venue célébrer le 16ème, et dernier à ce jour, titre de champion du monde en
F1 lors de la saison 2008 avec Felipe Massa et Kimi Raïkkönen.
Rien que son nom évoque le lien avec l'écurie de F1, mais
contrairement à la Ferrari 360 Challenge Stradale qui était une voiture de
course homologuée pour la route, la 430 Scuderia a changé de paradigme en étant
une voiture de route coursifiée pour un meilleur compromis. Une différence
d'approche qui n'enlève rien à la magie et à la sophistication de ce modèle.
Sous la vitre en Lexan se trouve un V8 4.3 en aluminium
qui sur cette version se dote d'un nouveau collecteur d'admission en carbone,
de nouveaux pistons et de pipes d'admission polies ainsi que d'un échappement
spécifique et d'une gestion électronique inédite pour augmenter le taux de
compression et produire une mécanique performante délivrant 510 ch à 8500
tr/min et 470 Nm de couple. Avec plus de 118 ch par litre, son rendement
est exceptionnel à sa sortie et offre une sonorité brutale et organique. Ses montées
en régime sont rapides et infatigables pour le plus grand bonheur de son
pilote.
À l'intérieur, l'habitacle est dépouillé et laisse
apparaître l'aluminium, le carbone et l'Alcantara pour une atmosphère de course
et un allégement de 80 kg sur cette version 16M.
On retrouve également d'autres éléments inspirés de la F1,
tels que le différentiel électronique E-diff associé au contrôle de traction
F1-Trac pour des passages en courbe plus rapides. La boîte de vitesses
F1 est reconduite dans une nouvelle version “ Superfast II ”, qui porte
bien son nom. Les passages de rapport au-dessus de 3000 tr/min sont aussi
rapides qu'une F1 de 1999, avec 60 millisecondes ! L'aérodynamisme est
retravaillé pour gagner 10 % d'appui et atteindre 300 kg à 300 km/h. Le
système de freinage très endurant est directement dérivé de la compétition,
avec d'énormes disques en carbone-céramique de 398 mm à l'avant et 350 mm à
l'arrière, avec des étriers à 6 et 4 pistons.
Toutes ces technologies fonctionnent en harmonie grâce à l'implication
de Michael Schumacher dans le développement de la 430 Scuderia. Il a
notamment contribué au paramétrage du Manettino – autre technologie issue de la
compétition – avec 5 modes différents :
- CST off, qui déconnecte toutes les aides sauf l'ABS.
- CT off, qui ne déconnecte que le contrôle de traction.
- Race, qui retarde l'intervention des aides à la conduite
pour le circuit.
- Sport, pour une utilisation sur route.
- Basse adhérence.
Ces modes dictent les réponses de la boîte, du moteur et de
la suspension. D'ailleurs, la suspension pilotée peut être réglée
indépendamment afin de choisir la position la plus souple dans le mode le plus
sportif, et inversement.
Cette débauche de technologies a permis à la Ferrari 430
Scuderia de réaliser des temps aussi rapides que la Ferrari Enzo sur la
piste de Fiorano en 1'25". Une véritable voiture de course limitée à
seulement 499 exemplaires dans cette version 16M.
En Italie, il y a un voisin pas très commode qui a lui aussi
sa propre histoire entre sport automobile et voiture de route. Bien que
Lamborghini existe depuis 1963, son histoire avec le sport automobile est
récente. Contrairement à Ferrari, Ferruccio Lamborghini a dès le début
refusé de s’engager en compétition, voyant dans la course un coût trop
élevé et une captation de ressources trop importante. Le projet P400 qui donna
naissance à la mythique Miura est assez évocateur de cet état d’esprit. Conçue
par des ingénieurs de renom, pour la plupart venant de chez Ferrari et du monde
de la course, comme Dallara, la Miura a été pensée pour être une voiture de
course. Celle qui a lancé et dicté le style des voitures de sport les plus
extrêmes n’a pourtant jamais vu l’ombre d’un paddock, malgré la très rare
version expérimentale Miura Jota. Les décennies passent et les liens avec la
compétition se font timides. Dans les années 1970, Lamborghini est appelé pour
la conception de la BMW M1 qui doit être engagée en Groupe 4 et à l'aube des
années 1990, Lamborghini devient fournisseur de moteur en Formule 1 entre 1989
et 1993.
Les années 1990 marquent la conception de deux Diablo
Supertrophy de course avant que le rachat par le groupe VW ne lance réellement un
vrai programme sportif. La Lamborghini Murcielago se décline en version GTR
pour les différents championnats GT3 et à partir de cette période Lamborghini
ne va qu'intensifier son engagement sportif. En 2009, la firme de Sant'Agata
Bolognese lance son championnat monomarque Super Trofeo, insufflant un
vent nouveau.
La décennie 2010 marque de nombreuses victoires avec la
Huracan GT3, qui se soldera par trois victoires dans sa catégorie aux 24h de
Daytona en 2018, 2019 et 2020. Lamborghini se sent pousser des ailes et
s’est engagée pour la première fois dans la catégorie reine de l’endurance avec
sa Hypercar SC63.
Toute cette nouvelle identité liée au sport automobile a
commencé à se retrouver sur des modèles de route. Des noms comme Performante,
Super Veloce, Superleggera, ont pris place sur le capot des Lamborghini, mais
ces créations étaient plus des modèles images que des voitures réellement
faites pour le circuit. Il fallait donc que Lamborghini rectifie le tir et
réalise enfin une voiture aux caractéristiques dignes du design spectaculaire
et racé de ses modèles. Cette création n’est autre que la Lamborghini Huracan STO pour Super
Trofeo Omologato, un nom évocateur comme l’est la Scuderia chez Ferrari.
L’ADN sportif est enfin réellement présent sur une Lamborghini de route.
Déjà, son kit carrosserie composé à 75% de matériaux
composites a été revu en profondeur pour gagner 53% d’appui supplémentaire.
La STO hérite de la voiture de course d’une partie avant “ Cofango ” en
monobloc qui intègre pare-chocs, capot et ailes. Une pièce spectaculaire qui
fait peur aux assureurs ! À l’arrière, l’écope de l’admission d’air
impressionne, tout comme sa dorsale qui se fond sur un aileron fixe entièrement
réglable à la main. Les jantes sont en magnésium et la balance indique 50 kg en
moins.
À l’intérieur, l’habitacle se pare d’Alcantara et de carbone
pour une atmosphère toujours aussi unique, intégrant une télémétrie embarquée,
un rangement pour le casque du pilote, un arceau en titane et des baquets
carbone avec harnais 4 points. C’est une première pour une Lamborghini.
Cette fois-ci, le lien entre course et route est réellement établi. Derrière le
pilote, on retrouve le V10 5.2 litres qui résonne sur les circuits du monde
entier depuis de nombreuses années. La cartographie a été revue pour les hauts
régimes, mais la puissance reste inchangée à 640 ch par rapport à une Huracan
EVO. Le couple diminue même à 565 Nm car la STO est une pure propulsion
comme les Lamborghini de course. Elle adopte en plus des roues arrière
directrices qui permettent, avec les voies élargies et la suspension plus
rigide, d’offrir une vivacité et une précision de conduite jamais vues
jusqu’alors sur une Lamborghini.
Ces deux voitures d’exception, qui transcendent les liens
entre la route et la piste, ont pris place dans notre showroom. La Ferrari 430
Scuderia 16M symbolise l’apothéose de la Scuderia Ferrari aux multiples succès
tandis que la Lamborghini Huracan STO représente la prise de conscience de
l’intérêt du sport automobile chez Lamborghini. Aux amateurs de track day,
cette Lamborghini prestigieuse est toujours disponible.