Essai Porsche 911 Carrera 4 GTS Cabriolet : la légende continue

04.05.2023

Tous les amateurs de voitures sportives n’y ont pas échappé, en 2023, la 911 fête ses 60 ans. 60 ans d’une longue carrière clairsemée de hauts et de bas qui ont toujours renforcé l’attrait et le mythe de cette sportive unique. Une occasion rêvée pour vous faire découvrir l’une des nombreuses déclinaisons de la 911, et comme c’est le printemps, il fallait choisir la carrosserie la plus adaptée. Pelras LEGEND vous propose de partir à la rencontre d’une magnifique 911 Carrera 4 GTS Cabriolet type 991.

Fort du succès de ses 356 cabriolets et speedster, Porsche ne pouvait pas passer à côté d’une variante découvrable sur sa nouvelle 911. Entre-temps, les normes et les mœurs ont changé, surtout aux Etats-Unis où les cabriolets sont de plus en plus décriés pour leur manque de sécurité. Afin d’anticiper les futures normes, Porsche présente en 1965 une étonnante version cabriolet dotée d’un arceau fixe en finition aluminium. L’iconique Targa est née avec un nom emprunté à une course mythique, la Targa Florio. Les ronronnements du tout nouveau Flat-six s’apprécient à l’air libre, mais pour les amateurs de vrais cabriolets cette version semble inachevée. Le temps passe et la première génération laisse la place à la nouvelle génération (la type G) en 1974, mais il n’y a toujours aucune trace d’un vrai cabriolet. Au début des années 80, les progrès réalisés dans la conception permettent de se passer d’arceau pour le marché américain grâce à de nombreux renforts assurant la rigidité. En 1981, un concept de 911 cabriolet est présenté au salon automobile de Francfort, préfigurant un modèle inédit pour 1982. Cette fois-ci, c’est la bonne et le cabriolet ne quittera plus jamais la gamme et se déclinera même en de nombreuses finitions comme ici en GTS. 

Le badge GTS a aussi sa propre histoire qu’il est intéressant de découvrir. Le badge Grand Turismo Sport est apparu pour la première fois en 1964 sur une toute nouvelle voiture de course, la 904 GTS. Une voiture performante qui rencontra de nombreux succès, notamment cette même année, en remportant la Targa Florio. Un logo empreint de sportivité qui se laissera séduire par les nouvelles Porsche à Moteur Avant. La très exclusive 924 GTS suit les sillages sportifs du label avant qu’il ne soit quelque peu galvaudé avec la 928 GTS et son gros moteur V8 et même avec le Cayenne en 2007. Il aura fallu attendre 2010 pour le voir enfin débarquer sur une 911. Depuis 1964, de l’eau a coulé sous les ponts et le badge GTS signifie désormais un compromis entre les versions d’entrée de gamme plutôt typées confort (Carrera) et les versions extrêmes destinées au circuit (GT3). Elle se veut utilisable au quotidien tout en étant précise et exaltante sur les routes tortueuses et les circuits. 

Une 911 faite de compromis

Un compromis qui passe d’abord par un style plus affirmé et expressif. Toute la gamme GTS reprend les carrosseries larges réservées aux quatre roues motrices avec des voies arrière élargies de 44 mm. La caisse est également abaissée de 10 mm sur toute la gamme. Le kit carrosserie est plus sportif avec des éléments rappelant la pistarde GT3 (pare-chocs, rétroviseurs Sport Design, jupes latérales). Les jantes de la Turbo S avec écrou central sont reprises dans une finition noire satinée. D’ailleurs, le noir s’invite un peu partout pour plus de sportivité (logos, entourage des vitres, grille d’aération et fond des phares). Une sportivité qui reste subtile tout de même, car la 911 GTS reste pure et ne s’adonne pas aux gimmicks trop expressifs. Seuls les connaisseurs reconnaitront ces versions et c’est ce qu’on lui demande. À l’intérieur, le constat est similaire avec une finition sportive de série dotée d’un intérieur en Alcantara et du Pack Sport Chrono. Ici, l’ambiance est plus luxueuse avec le pack cuir étendu Rouge Grenat choisi par l’ancien propriétaire qui se marie parfaitement avec les éléments blancs (inserts et fond de compteur) qui rappellent la couleur extérieure. La ligne intemporelle est magnifiée par cette configuration élégante rouge et blanche. Sur les versions coupé l’aspect sportif permet également de supprimer gratuitement les places arrière.  

Sur le plan technique, le compromis entre sport et polyvalence se ressent d’autant plus. Il est déjà possible d’avoir une voiture à la carte en choisissant sa boîte de vitesses (manuelle à 7 vitesses ou la PDK 7) et sa transmission (propulsion ou intégrale). Un choix que les puristes aimeront tout particulièrement tout comme les nombreuses options disponibles en série pour accentuer la sportivité. On retrouve alors les phares bi-xénon avec les PDLS, l’échappement sport et l’amortissement actif PASM. Des options indispensables pour garantir un plaisir de conduire certain. 

La sonorité magistrale du Flat-6

Sur cette génération, le plaisir est décuplé par le dernier Flat-6 Atmosphérique 3.8 développant 430 ch et 440 Nm. Le gain est de 30 ch par rapport à une Carrera S et il s’explique par le montage d’une admission par résonance et de nouveaux ressorts et arbres à cames. Ce moteur est une pure merveille à emmener à hauts régimes avec un couple haut perché à 5750 tr/min et une puissance maximale atteinte à 7500 tr/min (zone rouge à 7800 tr/min). Une accélération typique des atmosphériques qui commence à s’ouvrir vers 4000 tr/min pour vous catapulter avec une sonorité exaltante. Les versions turbos qui suivent gagnent en performance ce qu’elles perdent en caractère. Or, avec un 0 à 100 km/h effectué en 4,2s avec la PDK de notre version et la V-max de 301 km/h, les performances sont largement suffisantes. Cette génération sort sa botte secrète qui est sa sonorité unique et exceptionnelle. La 5e symphonie de Beethoven se joue à chaque instant derrière vos oreilles, à condition d’appuyer sur le bouton magique de l’échappement sport. À l’heure des voitures de plus en plus aphones, cette GTS procure des sensations uniques que seule une voiture enivrante peut prodiguer. Elle se place en apothéose avec son dernier Flat-6 atmo qui échappe de peu aux normes des FAP. Le son est pur. Il grogne, pétarade à chaque levée de pied ou à chaque rétrogradage et tire vers l’aigu au fur et à mesure que l’aiguille grimpe. Avec le toit ouvert, le son est décuplé et l’ambiance course est bien présente. À chaque accélération, on est téléporté dans l’univers de la compétition. C’est simple, dès les premiers tours de roue, le son vous esquisse un large sourire. On se sent même coupable d’avoir une voiture si sonore. Quel son !

Au volant, cette sonorité vous accompagne dans votre quête de la trajectoire parfaite. Porsche a une réputation à tenir et une 911 moderne ne peut que rimer avec précision et plaisir de conduire. Malgré les 70 kg et la rigidité nécessairement moins bonne que la version coupé équivalente, notre monture offre suffisamment de dynamisme pour arsouiller sur nos belles départementales. Les nombreuses technologies évoquées précédemment fonctionnent en symbiose pour tirer le meilleur de cette 911. 

La technologie au service du plaisir de conduire

Rouler dans une Porsche, c’est d’abord prendre place dans un cockpit à la position de conduite idéale. Notre GTS se dote de l’option siège sport adaptatif plus avec 18 réglages. Bien assis au ras du sol pour sentir chaque mouvement de la voiture, la console centrale vous propose de nombreux boutons qui commandent, pour certains, les modes de conduite. Des modes qui permettent à la GTS de revendiquer sa polyvalence ultime en étant douce et prévenante en mode normal, plus rapide et agile en mode Sport et explosive en mode Sport+. Un bouton, une philosophie. Ajoutez à cela que vous pouvez agir indépendamment sur les suspensions pour régler leur dureté et vous avez une vraie voiture à la carte.

Les ingénieurs de chez Stuttgart ont placé le meilleur de la technologie issue de la compétition pour venir épauler cette 911. La transmission intégrale montée sur notre version fait appel au Porsche Traction Management qui va calculer en permanence les besoins en adhérence de chaque essieu. Le différentiel central multidisque électronique se charge de transmettre le couple entre chaque essieu tandis que le différentiel de freinage automatique et le système antipatinage régissent les lois d’adhérence pour chaque roue. Également, le Porsche Vectoring System Plus entre dans la danse en tant que différentiel arrière pour mieux répartir le couple à chaque accélération. Des technologies au service du plaisir de conduire, car la 911 ne perd pas son côté joueur avec un réglage plutôt typé propulsion, mais gagne énormément en polyvalence en pouvant exploiter la puissance par tout temps et toute surface. 

Dansez en rythme au volant de la 911

Derrière le volant, une vraie confiance s’instaure grâce à des commandes parfaitement calibrées. Mention spéciale pour la direction très consistante qui permet de lire chaque morceau de bitume. En mode Sport+, elle se durcit encore un peu plus pour affiner sa précision et guider la 911 au millimètre près. À l’assaut de virages serrés, deux choses frappent instantanément. D’abord le gabarit qui devient presque préoccupant sur des routes très serrées, mais reste tout de même acceptable. Ensuite, l’architecture spécifique de la 911 se fait sentir. Si depuis le passage au refroidissement par eau, l’effet sac à dos du moteur Flat-6 placé en porte-à-faux arrière s’est grandement amélioré, il revient à l’esprit une fois la capote ouverte. Les lois de la physique sont ce quelles sont et il est indéniable que l’ajout du mécanisme de capote et du toit rétracté à côté du moteur déséquilibre l’ensemble. Pour gagner en vivacité, il va falloir garder les freins beaucoup plus longtemps. Un transfert des masses nécessaire pour charger le train avant et éviter un sentiment de sous-virage. Heureusement, le freinage est excellent et ce même en l’absence des freins optionnels en carbone céramique. Porsche a choisi ici des disques de 340 mm et étrier 6 pistons à l’avant (330 mm et étrier 4 pistons à l’arrière). On le ressent dès que le rythme s’intensifie, mais il faut reconnaître que la technologie arrive à faire oublier une architecture peu commune. C’est le charme de la 911. Pour autant, la version cabriolet n’est pas forcément destinée à être cravachée longtemps. Elle s’apparente plus à une GT faite pour cruiser dynamiquement et procurer du plaisir à son conducteur. En conduite rapide, elle se montre royale en étant efficace et grisante à emmener avec sa bande son théâtrale. Quand le pic d’adrénaline est passé, vous pouvez repasser en mode confort, fermer les fenêtres, activer le filet anti remous et profiter d’une autre symphonie délivrée par le système audio Burmester à 12 haut-parleurs. 

La Porsche 911 n’a pas fini de vous surprendre

La découverte de cette 911 Carrera 4 GTS Cabriolet révèle clairement tout ce qui fait la force de Porsche et de la 911 depuis tant d’années. La 911 est toujours un bestseller, car elle a su, contre vents et marées, répondre aux besoins et aux exigences des passionnés depuis 60 ans. Robuste et performante, elle n’a jamais cessé de se remettre en question pour innover, se développer et devenir une meilleure version d’elle-même à chaque nouvelle génération. La technologie issue d’un savoir-faire incomparable en compétition automobile est mise en œuvre pour allier les exigences d’un confort moderne avec un tempérament routier toujours aussi engageant et passionnant. La déclinaison GTS est peut-être la meilleure version qui permet, grâce à un choix à la carte, de bénéficier d’une voiture qui répond à tous les besoins sans forcément dégrader l’aura de la lignée. Une voiture parfaite en somme qui traverse les âges et fait rêver de nombreuses générations depuis 1963. Le mythe est sauvegardé !

Découvrir notre sélection de Porsche 

Photos et texte par Donatien Le Clainche 

Autres articles