Le V8, une oeuvre centrale dans l'histoire de Ferrari

07.04.2023

C’est en dressant le bilan et en regardant l’histoire que l’on peut s’apercevoir que la concrétisation de nombreux faits tient parfois à des décisions in extremis. Si aujourd’hui, les Ferrari à moteur central font rêver de nombreux passionnés aux quatre coins du globe par leur style, leur performance et leur sportivité, il se peut qu’elles n’aient jamais pu exister. Fidèle à sa vision bornée de la course automobile, Enzo Ferrari ne pouvait pas concevoir autre chose qu’un moteur V12 avant pour ses voitures. Également, des voitures dont il ne se souciait guère de leur facilité de conduite. Si des personnes comme Colin Chapman pouvaient gagner des courses avec des voitures légères et dotées d’une petite cylindrée, pour Enzo, une voiture de course se devait d’avoir un moteur très puissant et performant, parfois au détriment du reste. Bien que belles à regarder, les anciennes Ferrari ne sont pas réputées pour leur conduite, souvent considérées comme fatigantes à emmener. Heureusement ou malheureusement, quelques épisodes sombres de sa vie d’entrepreneur sont venus bousculer les codes établis et ont conduit la marque à se développer d’une autre façon. Pour pouvoir continuer à financer la Scuderia Ferrari, il fallait pouvoir vendre plus, ce qui passait par des voitures moins exclusives. Un sacrilège pour Enzo, mais il a finalement cédé à la tentation en apportant toujours ses propres conditions. Il y aura bien un modèle abordable, non équipé d’un V12, mais hors de question qu’il soit badgé Ferrari. La marque Dino est créée en 1965 en hommage à l’un de ses épisodes sombres de sa vie, la mort prématurée de son fils Dino. Cette voiture est une véritable petite révolution avec un moteur V6 à 65° tout en aluminium placé en position centrale arrière. Une architecture inédite et un moteur entièrement nouveau pour une voiture qui dispose toujours d’une certaine aura. Il faut dire que son style signé Pininfarina, comme les grandes Ferrari, ne laisse pas indifférent. Sa carrosserie en aluminium, son comportement équilibré et son moteur rageur vont en faire un véritable petit succès. Un engouement qui conduira Ferrari à valider le projet de sa remplaçante qui cette fois-ci sera marquée du cheval cabré. 

Le début d’un moteur mythique

En 1975, la Ferrari 308 inaugure donc la lignée des berlinettes à moteur V8 en position centrale arrière. Une lignée qui va porter la marque vers de nouveaux horizons avec des ventes qui vont s’envoler. La 308 va donc évoluer en 328 en 1985 avant de laisser place à un tout nouveau modèle, le premier lancé après la mort d’Enzo, la 348. Une génération en rupture avec un châssis semi-monocoque qui arbore un design complétement nouveau qui s’inspire de la Testarossa. Sur le plan technique, le V8 3,4 litres à 90° passe en position longitudinale comme sur la récente F40 et la boîte de vitesses est montée transversalement à l’arrière du moteur. La F355 suit en tant que grosse évolution, mais elle apparait plus mature que jamais. C’est la première voiture du constructeur à être équipée de 5 soupapes par cylindre et c’est aussi la première Ferrari proposant une boîte séquentielle de type F1. Une option qui a ouvert la voie d’un nouveau chapitre, celui des voitures plus faciles à conduire. Sa ligne intemporelle et son comportement affiné en font un classique très recherché aujourd’hui. La raison de son succès en collection, est à chercher du côté de sa remplaçante, la 360 Modena qui marque une rupture nette dans l’histoire des berlinettes. Finies les voitures archaïques à la finition légère, place à la modernité. Sa carrosserie tout en aluminium a été étudiée en soufflerie pour garantir des performances de haut niveau. Son habitacle se modernise dans son dessin et les matériaux sont plus nobles qu’auparavant. Si la 360 reste pointue à piloter à la limite, elle devient plus accessible en démocratisant un peu plus la boite F1 et en faisant rentrer l’électronique pour aider le conducteur. Néanmoins, les puristes ne sont pas oubliés, car cette génération voit apparaître pour la première fois, une version de série radicale homologuée pour la route. La Challenge Stradale affole les chronos et déchaîne les passions avec ses réglages sportifs et son V8 à 90° revu au niveau de l’admission et de la distribution pour un total de 425 ch. Une version à ne pas mettre entre les mains d’un novice. La légende s’écrit !

Les liens indissociables entre la F1 et Ferrari

Comme le veut la tradition, la F430 est plus une profonde évolution qu’une simple nouvelle voiture à part entière. Cette génération entre un peu plus dans le XXIe siècle avec une boîte manuelle qui vit ses dernières heures (un collector à acheter !) et ses modes de conduite qui agissent sur les réglages électroniques de la voiture : le fameux Manetino. L’habitacle s’améliore toujours un peu plus et la 430 s’arrache comme des petits pains. La 430 Scuderia entre dans l’histoire avec son V8 4,3 litres de 510 ch à la sonorité unique qui pousse la note jusqu’à 8650 tr/min. Une légende écrite par une autre, Michael Schumacher. Le septuple champion du monde a participé au développement de cette voiture, notamment dans les réglages des différents modes. On lui doit le mode Corsa par exemple. Ferrari est au meilleur de sa forme et propose, pour fêter les 16 titres de champion du monde des constructeurs en F1, une version cabriolet de la Scuderia : la Scuderia 16M. Une première pour le constructeur qui ose la radicalité cheveux au vent. Avec seulement 499 exemplaires, elle est déjà entrée au Panthéon des Ferrari d’exception à collectionner. 

Le dernier V8 atmosphérique

En 2009, un tournant s’opère chez Ferrari avec la présentation de la 458 Italia qui apparaît plus aboutie que jamais. Derrière ce nom qui rappelle ses origines italiennes, se cache une révolution qui est pour la dernière fois orchestrée par Schumacher. La berlinette est enfin pilotable par tout le monde. La boite F1 et manuelle, laissent place à une inédite boite à double embrayage ultra rapide. L’habitacle se réinvente totalement en regroupant les fonctionnalités devant le pilote. C’est d’ailleurs l’apparition du premier volant avec les commandes de clignotants déportées. Les matériaux et les assemblages progressent énormément. La ligne ne ressemble à aucune autre et a le bon gout de se passer d’appendices aérodynamiques. Elle reste pure tout en étant performante. Derrière, sous va verrière, telle une cathédrale, se trouve la dernière évolution du V8. Ce 4.5 litres développe 570 ch et 540 Nm de couple avec une zone rouge à 9000 tr/min. Doté de peu d’inertie, le V8 frappe par ses montées en régime fulgurantes accompagnées d’une bande son théâtrale à l’ouverture des valves. Un moteur exceptionnel qui a été récompensé plusieurs fois par le titre du meilleur moteur sportif de l’année. Une sonorité qui s’apprécie toujours les cheveux au vent, mais pour cette génération la capote en toile a laissé place à un mécanisme de toit rétractable permettant de cumuler les avantages du coupé avec ceux du cabriolet classique. Une ligne à tomber par terre avec ses 2 arches qui se laissent contempler une fois le toit rétracté. Finalement, le V8 exprimera toute sa beauté au sein de la déclinaison radicale, nommée 458 Speciale. La puissance passe à 605 ch grâce à de nouveaux matériaux pour les bielles et pistons, une admission revue plus légère de 8 kg, un nouveau profil d’arbre à cames ou encore une optimisation de la dynamique des fluides dans la chambre de combustion. Le poids diminue de près de 100 kg avec l’utilisation massive de carbone et un habitacle qui se débarrasse des isolations pour laisser transpirer le sport. Harnaché des les baquets, le pilote se surprend à virevolter dans chaque virage avec une connexion homme machine poussée à son paroxysme. Les sensations sont décuplées et sans le savoir, il fait vivre les derniers instants à ce moteur d’anthologie. Toutes les bonnes choses ont une fin et la 458 Italia, bien que novatrice, est aussi le dernier chapitre d’une ère. Celle des berlinettes à moteur V8 atmosphérique dessinées par Pininfarina. La 488 GTB qui suit est un pur produit du centre de style de Ferrari et se dote d’une suralimentation avec un V8 3,9 litres bi-turbo de 670 ch. Une nécessité pour améliorer les performances toujours plus incroyables. Il ne tombe pas dans les écueils d’un moteur suralimenté grâce à une poussée linéaire et un appétit certain pour les hauts régimes jusqu’à 8200 tr/min. Ferrari signe encore une fois une œuvre qui a été récompensée plusieurs fois comme meilleur moteur international.  

La version radicale, dénommée Pista, compense un certain manque d’émotions par une ligne à couper le souffle et des performances toujours plus impressionnantes avec un 0 à 200 km/h en 7,6 secondes. 

Le chant du cygne, la fin du V8

Normalement, Ferrari aurait dû introduire une nouvelle génération à la suite de la 488 GTB, mais la plateforme issue de la 458 Italia s’habille d’une dernière grande évolution sous l’appellation F8 Tributo. Tout est dans le nom : Ferrari 8 cylindres Hommage. Cet aparté historique marque la fin d’une ère commencée 48 années plus tôt. Comme une preuve de sagesse, le V8 n’évolue plus et provient directement de la Pista. Le style réalise des clins d’œil au passé avec le retour des quatre feux ronds et un capot moteur inspiré de la F40.

L’histoire est un éternel recommencement et aujourd’hui, la place est laissée à une nouvelle berlinette, la 296 GTB, motorisée par un V6 3.0 litres à 120° – comme une certaine Dino – hybride pour être dans l’air du temps. Placé au plus près du sol et doté de performances exceptionnelles (830 ch et 900 Nm !), il efface les anciens V8 d’un coup de gaz, mais laisse pour eux une symphonie et une histoire incomparable.

Il est encore temps de s’offrir une partie de cette LEGEND avec nos nombreuses Ferrari V8. Il ne reste plus qu’à choisir celle qui vous correspond 😉 


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Photos et texte par Donatien Le Clainche

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