Le SUV le plus puissant du monde à sa sortie débarque chez
Pelras Legend. Entre aventure, performances et exclusivité, ce Jeep Grand
Cherokee Trackhawk défie les lois de la gravité et les lois de
l’entendement. Un produit rare qui impressionne par ses performances hors
normes et qui symbolise à lui seul la démesure américaine. Un modèle légendaire
que nous vous proposons de découvrir à l’essai.
Le Jeep Grand Cherokee perpétue l’héritage de Jeep dans le
segment des grands SUV plus luxueux ou, tout du moins, moins rustiques
qu’un Wrangler. Il est le descendant du Jeep Grand Wagoneer, le premier SUV de
luxe américain, qui a inspiré Land Rover pour son Range Rover (lire essai).
La version du jour appartient à la quatrième génération,
répondant au code WK2, qui a connu une longue carrière avec trois restylages
(2010 à 2021). En 2017, Jeep surprend tout le monde en dévoilant une version
encore plus sportive que le SRT (468 ch) : le Trackhawk (faucon de piste),
qui devient alors le SUV le plus puissant du monde à sa sortie, loin
devant les Lamborghini Urus et Bentley Bentayga, grâce à son V8 de 707 ch
emprunté à la Dodge Challenger Hellcat.
Si l’on excepte la couleur rouge de notre modèle, le
Trackhawk cache assez bien son jeu et ne se différencie que peu d’une
version normale, et encore moins de la version SRT. Pour le reconnaître, il
faut observer le bas du bouclier avant, qui ne comporte plus d’antibrouillards,
remplacés par des prises d’air. À l’arrière, il se distingue par son badge
évocateur et ses quatre sorties d’échappement en chrome noir. Pour le reste, on
retrouve ce qui fait le charme de Jeep : des passages de roues trapézoïdaux
et une calandre à sept fentes, rappelant les origines de la Jeep Willys.
Même s’il symbolise l’aventure extrême et qu’il se présente
comme la version la plus sportive, ce Jeep ne fait aucun compromis.
En tant que sommet de la gamme et comme toute voiture
américaine, le Jeep Grand Cherokee Trackhawk gâte ses occupants avec cinq
larges places, un coffre de 1 030 litres et une liste d’options aussi
longue qu’une highway américaine : sellerie en cuir Nappa et suédine avec
surpiqûres contrastantes et inserts en carbone, sièges chauffants et ventilés,
écrans arrière, système Uconnect 4 avec écran tactile de 8,4 pouces, compteurs
numériques de 7 pouces, système audio Harman Kardon à 19 haut-parleurs, toit
ouvrant panoramique, mode voiturier, et pas moins de 70 fonctions de sécurité,
incluant le régulateur de vitesse adaptatif...
Si la qualité des matériaux est peut-être un peu inférieure
à celle des SUV européens, l’ambiance à bord reste sportive tout en étant
accueillante et invite au voyage. On s’y sent bien, et le confort est royal
grâce à une suspension pneumatique paramétrable.
Le moteur mérite à lui seul un chapitre tant il est la pièce
maîtresse et l’objet de tous les fantasmes.
Repris des Dodge Challenger et Charger Hellcat, ce V8
hémisphérique en fonte a été lourdement retravaillé pour encaisser les
fortes contraintes tout en maximisant la fiabilité.
Pour optimiser le refroidissement, des chemises d’eau
entre les cylindres ont été ajoutées, ainsi que des soupapes d’échappement
refroidies au sodium. Outre la culasse en aluminium, on retrouve des pièces
mobiles renforcées, comme un vilebrequin en acier forgé capable de résister à
une pression d’allumage de 110 bars, ainsi que des pistons et bielles en
alliage forgé à haute résistance.
Le compresseur de 2 380 cm³ a lui aussi bénéficié d’un
travail conséquent sur la qualité de ses composants et son refroidissement.
Tout ce travail permet d’atteindre 707 ch et 875 Nm de
couple, avec un 0 à 100 km/h abattu en 3,7 secondes et une vitesse
de pointe de 290 km/h.
Impressionnant quand on découvre sa masse de 2 531 kg. Un
poids qui semble presque imperceptible dans certaines circonstances, tant le
travail des ingénieurs a été minutieux.
Ce Jeep Grand Cherokee Trackhawk est en quelque sorte le couteau
suisse texan, celui qu’on prend pour tout faire.
Au quotidien, il se montre docile et confortable, et
si l’on omet le sifflement du compresseur, on a l’impression d’être dans un
Grand Cherokee Diesel. Il remplit parfaitement sa mission du quotidien, que ce
soit pour aller faire ses courses dans un grand mall de banlieue ou chercher
son fast-food préféré. That’s America!
Ce confort et cette sérénité de conduite sont rendus
possibles grâce à deux technologies principales. D’abord, le Quadra-Trac
Active 4WD, la transmission intégrale de Jeep, qui prévient toute perte
d’adhérence grâce à un embrayage humide mécanique et à un différentiel à
glissement limité électronique monté sur l’essieu arrière. Cette technologie
fonctionne en tandem avec la suspension pneumatique Quadra-Lift, qui
permet de faire varier la garde au sol de +274 mm à -25 mm grâce à plusieurs
modes.
Justement, parlons des modes de conduite, qui sont au
nombre de cinq, plus un mode personnalisable, chacun ayant ses spécificités,
notamment en matière de répartition du couple :
·
Auto (répartition AV/AR 40/60)
·
Sport (35/65, passages de rapports plus
rapides et suspension raffermie)
·
Track (30/70, passages de rapports
réduits de 68 % avec seulement 160 millisecondes et suspension raidie au
maximum)
·
Snow (50/50)
·
Tow (60/40, avec une capacité de
remorquage dépassant 3,2 tonnes)
Les différences entre les modes se ressentent immédiatement.
Jeep vous fait passer d’un conducteur sage, confortablement installé, à un
pilote de drag race en quête de sensations fortes.
Le mode Sport conserve un peu de confort, et l’on
sent encore la suspension travailler pour maîtriser les mouvements de caisse.
En revanche, en mode Track, plus aucun mouvement parasite : la voiture
est littéralement collée au sol, et la confiance règne à bord. La direction
plus directe, combinée à la répartition du couple 30/70, permet d’aborder les
courbes plus rapidement. Toutefois, la position de conduite inévitablement
haute et la largeur imposante du véhicule provoqueront quelques sueurs froides
sur les routes étroites. Ce monstre s’exprime pleinement sur de grandes routes
dégagées, des courbes parfaitement goudronnées... voire un circuit.
Le V8 terrifie par ses montées en régime explosives
et son rugissement indescriptible. Sa cylindrée généreuse garantit une réserve
de puissance inépuisable, mais c’est surtout lorsque le compresseur
entre en charge, autour de 3 500 tr/min, que tout bascule : les rapports
s’enchaînent avec une violence inouïe. Le rupteur arrive rapidement,
comme c’est souvent le cas sur ce type de moteur américain. À 6 200 tr/min,
la boîte automatique à 8 rapports TorqueFlite enclenche le rapport
supérieur. Douce en conduite normale, elle devient brutale en pleine charge,
avec des à-coups perceptibles. Son agrément est bon, même si elle n’atteint pas
le niveau des meilleures transmissions européennes. Cela dit, le progrès est
immense par rapport aux antédiluviennes boîtes automatiques américaines.
Le son du V8 est sans doute ce qui marque le plus.
Entre le sifflement strident du compresseur, la grogne bestiale
de l’échappement et les crépitements à la décélération, la partition est
brutale. Déjà sonore dans l’habitacle, à l’extérieur, c’est une véritable
sirène mécanique qui s’entend à des kilomètres. Les poils s’hérissent, et le
cerveau en redemande, fortement sollicité par l’envie d’activer le Launch
Control ou d’explorer les innombrables menus de chronomètres, jauges et
défis incitant à repousser les limites. D’ailleurs, le quart de mile est
avalé en 11,6 secondes !
Heureusement, les ingénieurs ont retravaillé la suspension
avec des amortisseurs Bilstein, intégrés à un train avant indépendant
en aluminium et un essieu arrière multibras.
Derrière les jantes en titane de 20 pouces, le freinage
est confié à Brembo :
·
Disques avant de 400 mm avec étriers 6
pistons
·
Disques arrière de 350 mm avec étriers 4
pistons
Si la puissance de freinage est bien présente, le ressenti à
la pédale pourrait être plus précis.
Ce Jeep Grand Cherokee Trackhawk est une anomalie mécanique
aussi fascinante qu’effrayante. Capable de cruiser tranquillement comme de
pulvériser des chronos, il incarne à lui seul l’excès américain dans toute sa
splendeur. Un SUV aussi à l’aise pour faire les courses que pour faire
la course.
Tel un baroud d’honneur célébrant tout le charme de
l’automobile américaine, le Jeep Grand Cherokee Trackhawk bluffe par sa
grande polyvalence et ses performances démentielles. Aussi à l’aise au
quotidien que dans la boue ou dans un centre équestre pour tracter un van à
chevaux, il révèle tout son potentiel lorsqu’il est confié à un pilote équipé
d’un casque et de gants, prêt à laisser de côté tous ses préjugés.
Ce grand SUV accélère aussi fort que certaines supercars
et se comporte aussi bien que certaines sportives européennes. Il ne
conserve de l’Amérique que ses meilleurs atouts : un V8 mythique et
époustouflant, un équipement riche, tout en adoptant le meilleur des
voitures européennes avec un comportement routier à la fois confortable et
rigoureux et une finition en net progrès.
Avec moins de 100 exemplaires livrés en France, le Jeep
Grand Cherokee Trackhawk se révèle être un choix très intéressant, tant
pour sa rareté, son histoire, que ses performances, et ce,
pour un tarif inférieur à 80 000 €.
Il a sa carte grise française, le malus est déjà payé... Il ne vous reste plus qu’à en profiter en famille !