Ford GT VS Ferrari F40 : un duel légendaire revisité

26.09.2025

C’est un frisson d’histoire, de course et de passion qui vous attend en ce moment chez Pelras Legend. Une rare Ford GT trône aux côtés de la mythique Ferrari F40, dans un face-à-face chargé d’émotions, d’héritage et de rivalité.
Deux icônes, deux visions, deux marques qui se sont affrontées avec acharnement sur la scène mythique des 24 Heures du Mans. Retour sur l’histoire de ces deux supercars incroyables.

Une rivalité née de la compétition

Au début des années 1960, Henry Ford II, petit-fils du fondateur, prend la direction générale de l’entreprise familiale. Bien décidé à rajeunir l’image de la marque, il imagine deux projets d’envergure : lancer une petite voiture de sport pour séduire les jeunes – la future Ford Mustang (lire Essai Ford Mustang GT : le rêve américain – et s’attaquer à la course la plus prestigieuse au monde : les 24 Heures du Mans.

Apprenant que Ferrari pourrait être mise en vente pour raisons financières, Ford engage des millions de dollars en audits et entame des négociations, mais celles-ci tournent court : Enzo Ferrari met brutalement fin au deal à cause d’une clause l’empêchant de conserver le contrôle de son département compétition.

Blessé dans son orgueil, Ford jure alors de battre Ferrari sur son propre terrain, au Mans. Des millions sont investis dans le développement d’une voiture baptisée GT40. Basée sur la Lola GT Mk6 britannique et motorisée par Ford, la première version sort en 1964. Mal mise au point, elle échoue lors des essais préliminaires du Mans en 1964.

Pour redresser la situation, Ford fait appel à Carroll Shelby. Avec son expérience et sa vision, il développe la redoutable Ford GT40 Mk II, animée par un V8 7.0 litres.

En 1966, c’est le sacre : triplé historique au Mans, trois Ford franchissant la ligne d’arrivée devant les Ferrari. La domination s’installe : Ford gagne encore en 1967, 1968 et 1969. Cette dernière victoire entre dans la légende grâce à Jacky Ickx, qui protesta contre le départ “ type Le Mans ” : au lieu de courir vers sa voiture, il marcha calmement, partit dernier... et remonta tout le peloton pour s’imposer de justesse face à Porsche.

Le pari est rempli : Ferrari est vaincu et ne retrouvera la victoire en catégorie reine qu’en 2023.

La renaissance de la Ford GT

À l’approche du centenaire de Ford en 2003, plusieurs concepts voient le jour pour remettre en lumière les modèles emblématiques de l’histoire de la marque. En 2002, un prototype de GT40 est présenté et suscite immédiatement un immense engouement.

Ainsi naît la nouvelle Ford GT. La production débute en 2004 avec un design résolument néo-rétro, rendant hommage aux lignes mythiques de son aînée, tout en intégrant des technologies modernes. Sous le capot, on retrouve un V8 5.4 litres développant 558 ch, gage de performances dignes de son héritage.

Véritable icône contemporaine, la Ford GT de seconde génération sera produite jusqu’en 2007, à 4 038 exemplaires seulement.

Le retour en terre sainte : la nouvelle Ford GT

Début 2015, la planète automobile tremble. Les cœurs des passionnés s’émerveillent avec la révélation d’une nouvelle Ford GT.

Personne ne l’avait vu venir. Il faut dire que le projet était très secret, même au sein du constructeur. Seulement une douzaine de personnes ont travaillé dessus, dans une petite salle accessible uniquement par une clé.

Avec ses airs de Ford GT40 mais avec une aérodynamique très travaillée, on comprend rapidement que Ford souhaite célébrer les 50 ans de sa victoire historique au Mans en remportant à nouveau l’épreuve en 2016.

Dénommé Project Silver, le projet était à l’origine une Mustang qui aurait servi à la promotion du modèle de route pour sa première commercialisation officielle en Europe. Les simulations effectuées vont vite écarter cette forme pour repartir d’une feuille blanche.

Le travail aérodynamique a été réalisé en priorité pour créer l’appui nécessaire à la course des 24 h du Mans.
Des éléments marquants de la filiation avec la GT40 ont été incorporés par la suite comme les phares, les feux circulaires et la position des échappements.

Voiture de route et voiture de course ont été développées simultanément et on le voit directement tant cette Ford GT est sculptée par le vent. Ses impressionnants tunnels cachent une circulation de l’air qui entre par les écopes latérales, passe dans les arcs-boutants avant de ressortir au centre des feux arrière.
Chaque élément a une fonctionnalité précise dictée par les contraintes de la course, comme le fond plat et l’aileron rétractable.

Le moteur est passé au second plan. À cause du faible espace, pas de V8, ni de V12 : les ingénieurs ont choisi un V6 3.5 Ecoboost. Sa légèreté et sa puissance ont été jugées suffisantes pour les 24 h du Mans.
Ce moteur, monté dans les Ford F150 Raptor, a subi de nombreuses modifications pour l’occasion : turbos plus gros, système de lubrification à carter sec inédit, arbres à cames spécifiques et ensemble des éléments mobiles renforcés.

Au total, 656 ch et 746 Nm de couple pour la première version de route, le tout transmis par une boîte de vitesses à double embrayage Getrag à 7 rapports qu’on retrouve également sur d’autres supercars.
Les performances sont à la hauteur avec 348 km/h en vitesse de pointe, 3,3 s au 0 à 100 km/h. Avec une accélération latérale de 1,11 g, on mesure tout le travail aérodynamique effectué.

Le châssis est pensé comme une voiture de course avec une coque en carbone à laquelle on a greffé des sous-cadres en aluminium. Un arceau tubulaire est également intégré dans la structure.
Chaque détail est pensé pour la course : le pare-brise utilise du verre Gorilla comme sur les téléphones, plus résistant tout en étant plus léger.

Les suspensions reprennent des technologies de la Formule 1. On retrouve des suspensions à poussoir hydraulique comme le système Keel des F1. Des amortisseurs actifs DSSV Multimatic, utilisés sur les F1 Red Bull, permettent à la voiture d’ajuster son assiette en permanence. Des modes permettent également de choisir la hauteur de caisse. En confort, la voiture se positionne à 120 mm, alors qu’en Track ou Vmax, elle descend à 71 mm avec l’aileron déployé. Incroyable !

Le freinage fait appel à Brembo avec des disques en carbone-céramique (394 mm / 360 mm) et des étriers 6 pistons à l’avant et 4 pistons à l’arrière.
Les magnifiques roues 20 pouces silver sont en aluminium forgé, chaussées de pneus semi-slick Michelin PS Cup 2 spécifiques.

En ouvrant les incroyables portes en élytre, on découvre un habitacle étriqué pensé pour la course. Alcantara, carbone et aluminium se côtoient. Si on ôte quelques options de confort d’une voiture de route, on a réellement l’impression d’être dans une voiture du Mans, avec son volant multifonction et ses sièges baquets en carbone fixes Sparco – c’est le pédalier et le volant qui bougent.
En regardant la fiche technique, on découvre que le coffre fait seulement 11,3 L. On se rend bien compte que la Ford GT n’est pas faite pour faire les courses... mais pour faire la course.

Au départ prévue à 1000 exemplaires, Ford a régulièrement rouvert les commandes pour satisfaire la demande, avec finalement 1350 Ford GT assemblées à la main au Canada.
Sur la piste, on a pu découvrir une voiture presque identique, à part l’aileron fixe et le setup de suspension.

La Ford GT entre dans l’histoire en remportant la première et la troisième place en LMGTE-Pro aux 24 h du Mans 2016. Le pari est réussi, 50 ans plus tard.

Ferrari F40 : la dernière d’Enzo

Tout comme la Ford GT, la Ferrari F40 est née d’une volonté de renouer avec la compétition.
Face à des résultats décevants sur les circuits, Enzo Ferrari comprend qu’il faut un changement. Une discussion avec son ami Pietro Barilla va être décisive : le fils de ce dernier arrive à battre des Ferrari 308 GTB avec sa BMW M3, deux fois moins chère... De quoi convaincre définitivement Enzo qu’il est temps de prendre un nouveau cap.

Tout commence par un appel d’Enzo Ferrari à son ingénieur Nicola Materazzi. Enzo lui soumet l’idée d’un nouveau moteur turbo 3.0 de 330 ch destiné aux voitures de route. Materazzi répond aussitôt au téléphone : “ Il faut au minimum 400 ch avec un tel moteur ”. Enzo, séduit, lui confie alors la mission.

Ce moteur trouve d’abord sa place dans l’impressionnante Ferrari 288 GTO, pensée pour le Groupe B. Pour être homologué, il fallait produire au moins 200 exemplaires routiers. En parallèle, Ferrari développe la version de course, la 288 GTO Evoluzione, stoppée brutalement avec l’interdiction du Groupe B en 1986. Seulement 5 exemplaires voient le jour, mais Materazzi perçoit l’appétit des clients pour une voiture de route directement dérivée de la compétition.

Il soumet l’idée au directeur de la production des voitures de série, Eugenio Alzati, qui accepte à condition de ne pas interférer avec les autres projets. Résolu, Materazzi se met à travailler... tous les week-ends, pour donner vie au projet 164.

Enzo Ferrari, vieillissant, veut marquer un dernier grand coup pour célébrer les 40 ans de la marque en 1987.
Materazzi s’appuie sur les acquis de la GTO Evoluzione pour concevoir une voiture qui fera date : la Ferrari F40.

Son V8 3.0 biturbo ouvert à 90° est conservé mais profondément amélioré : doubles turbos IHI japonais, double arbre à cames en tête, carter sec, 32 soupapes refroidies au sodium. Le bloc, la culasse et le carter sont réalisés en Silumin, un alliage aluminium-silicium emprunté à la course. Résultat : 478 ch et 577 Nm de couple, soit un rapport poids/puissance exceptionnel de 2,3 kg/ch.

Aucune boîte de vitesses existante n’étant capable d’encaisser un tel couple, Materazzi en conçoit une nouvelle, avec double embrayage renforcé.

L’aérodynamique reçoit un soin particulier : lignes signées Pininfarina, avant plongeant percé de prises NACA, aileron monumental, Cx de seulement 0,34.
Sous la carrosserie en fibre de verre se cache un châssis treillis en acier rigidifié par des entretoises, trois fois plus rigide et 20 % plus léger qu’une structure classique.

La F40 hérite directement des technologies de la course : fond plat, plancher à effet de sol, double circuit de freinage hydraulique et flexibles issus de la Formule 1.

Le freinage fait appel à des étriers 4 pistons avec des disques ventilés de 330 mm, en acier pour la partie friction et en aluminium au centre afin de réduire les masses non suspendues.
L’utilisation de matériaux composites est également une première : les panneaux intérieurs sont en Kevlar, en fibre de carbone imprégnée de résine époxy, comme sur les F1 de la Scuderia Ferrari.

À l’intérieur, seule l’homme et la machine comptent, dans une ambiance course dans sa plus pure expression. Baquet, harnais 4 points : le pilote est prêt à vivre un frisson hors du commun. Seule coquetterie, la climatisation proposée en option. Même les poignées de portes sont remplacées par de simples câbles.

Le 21 juin 1987 marque une nouvelle ère dans l’histoire automobile. Les journalistes sont conviés sur le circuit de Fiorano pour découvrir la F40, qui comme son nom l’indique, célèbre les 40 ans de Ferrari.
Son look unique, bestial, et ses performances hors normes suscitent l’adhésion générale. C’est la voiture la plus rapide du monde avec 324 km/h en vitesse de pointe (0 à 100 km/h en 4,1 s) et également la plus chère du monde à sa sortie.

Avant tout, c’est une pure machine de course, l’ultime création fidèle à la vision d’Enzo Ferrari : sans artifice électronique, sans direction assistée, sans ESP ni ABS. La F40 est brute, sauvage, et son moteur turbo délivre un déferlement de puissance qu’il faut savoir maîtriser avec une grande dextérité.

Ajoutez à cela que ce fut le dernier projet supervisé par Enzo Ferrari, disparu en 1988, et vous obtenez la voiture de tous les fantasmes. Malgré ses 1 311 exemplaires, elle s’arrache aujourd’hui à plusieurs millions d’euros auprès des collectionneurs du monde entier.

Ces deux voitures partagent une rivalité certaine, nourrie par deux hommes forts. La compétition est dans leur ADN et incarne mieux que tout le défi technologique et le transfert permanent entre la piste et la route. Deux véritables légendes.

La Ferrari F40 n’est plus qu’un souvenir, mais il est toujours possible d’admirer la Ford GT dans notre showroom. Ce chef-d’œuvre n’attend plus qu’à vous offrir des émotions rares.

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