C’est un frisson d’histoire, de course et de passion qui
vous attend en ce moment chez Pelras Legend. Une rare Ford GT trône aux
côtés de la mythique Ferrari F40, dans un face-à-face chargé d’émotions,
d’héritage et de rivalité.
Deux icônes, deux visions, deux marques qui se sont affrontées avec acharnement
sur la scène mythique des 24 Heures du Mans. Retour sur l’histoire de
ces deux supercars incroyables.
Au début des années 1960, Henry Ford II, petit-fils
du fondateur, prend la direction générale de l’entreprise familiale. Bien
décidé à rajeunir l’image de la marque, il imagine deux projets d’envergure :
lancer une petite voiture de sport pour séduire les jeunes – la future Ford
Mustang (lire Essai Ford Mustang GT : le rêve américain) – et s’attaquer à la course la plus prestigieuse au monde : les
24 Heures du Mans.
Apprenant que Ferrari pourrait être mise en vente
pour raisons financières, Ford engage des millions de dollars en audits et
entame des négociations, mais celles-ci tournent court : Enzo Ferrari met
brutalement fin au deal à cause d’une clause l’empêchant de conserver le
contrôle de son département compétition.
Blessé dans son orgueil, Ford jure alors de battre Ferrari
sur son propre terrain, au Mans. Des millions sont investis dans le
développement d’une voiture baptisée GT40. Basée sur la Lola GT Mk6
britannique et motorisée par Ford, la première version sort en 1964. Mal mise au
point, elle échoue lors des essais préliminaires du Mans en 1964.
Pour redresser la situation, Ford fait appel à Carroll
Shelby. Avec son expérience et sa vision, il développe la redoutable Ford
GT40 Mk II, animée par un V8 7.0 litres.
En 1966, c’est le sacre : triplé historique au Mans,
trois Ford franchissant la ligne d’arrivée devant les Ferrari. La domination
s’installe : Ford gagne encore en 1967, 1968 et 1969. Cette dernière victoire
entre dans la légende grâce à Jacky Ickx, qui protesta contre le départ
“ type Le Mans ” : au lieu de courir vers sa voiture, il marcha calmement,
partit dernier... et remonta tout le peloton pour s’imposer de justesse face à
Porsche.
Le pari est rempli : Ferrari est vaincu et ne
retrouvera la victoire en catégorie reine qu’en 2023.
À l’approche du centenaire de Ford en 2003, plusieurs
concepts voient le jour pour remettre en lumière les modèles emblématiques de
l’histoire de la marque. En 2002, un prototype de GT40 est présenté et
suscite immédiatement un immense engouement.
Ainsi naît la nouvelle Ford GT. La production débute
en 2004 avec un design résolument néo-rétro, rendant hommage aux lignes
mythiques de son aînée, tout en intégrant des technologies modernes. Sous le
capot, on retrouve un V8 5.4 litres développant 558 ch, gage de
performances dignes de son héritage.
Véritable icône contemporaine, la Ford GT de seconde
génération sera produite jusqu’en 2007, à 4 038 exemplaires seulement.
Début 2015, la planète automobile tremble. Les cœurs des passionnés s’émerveillent avec la révélation d’une nouvelle Ford GT.
Personne ne l’avait vu venir. Il faut dire que le projet était très secret,
même au sein du constructeur. Seulement une douzaine de personnes ont travaillé
dessus, dans une petite salle accessible uniquement par une clé.
Avec ses airs de Ford GT40 mais avec une aérodynamique très travaillée, on comprend rapidement que Ford souhaite célébrer les 50 ans de sa victoire historique au Mans en remportant à nouveau l’épreuve en 2016.
Dénommé Project Silver, le projet était à l’origine une Mustang qui aurait servi à la promotion du modèle de route pour sa première commercialisation officielle en Europe. Les simulations effectuées vont vite écarter cette forme pour repartir d’une feuille blanche.
Le travail aérodynamique a été réalisé en priorité
pour créer l’appui nécessaire à la course des 24 h du Mans.
Des éléments marquants de la filiation avec la GT40 ont été incorporés par la
suite comme les phares, les feux circulaires et la position des échappements.
Voiture de route et voiture de course ont été développées
simultanément et on le voit directement tant cette Ford GT est sculptée par le
vent. Ses impressionnants tunnels cachent une circulation de l’air qui entre
par les écopes latérales, passe dans les arcs-boutants avant de ressortir au
centre des feux arrière.
Chaque élément a une fonctionnalité précise dictée par les contraintes de la
course, comme le fond plat et l’aileron rétractable.
Le moteur est passé au second plan. À cause du faible
espace, pas de V8, ni de V12 : les ingénieurs ont choisi un V6 3.5 Ecoboost.
Sa légèreté et sa puissance ont été jugées suffisantes pour les 24 h du Mans.
Ce moteur, monté dans les Ford F150 Raptor, a subi de nombreuses modifications
pour l’occasion : turbos plus gros, système de lubrification à carter sec
inédit, arbres à cames spécifiques et ensemble des éléments mobiles renforcés.
Au total, 656 ch et 746 Nm de couple pour la première
version de route, le tout transmis par une boîte de vitesses à double embrayage
Getrag à 7 rapports qu’on retrouve également sur d’autres supercars.
Les performances sont à la hauteur avec 348 km/h en vitesse de pointe,
3,3 s au 0 à 100 km/h. Avec une accélération latérale de 1,11 g, on mesure tout
le travail aérodynamique effectué.
Le châssis est pensé comme une voiture de course avec une
coque en carbone à laquelle on a greffé des sous-cadres en aluminium. Un
arceau tubulaire est également intégré dans la structure.
Chaque détail est pensé pour la course : le pare-brise utilise du verre
Gorilla comme sur les téléphones, plus résistant tout en étant plus léger.
Les suspensions reprennent des technologies de la Formule
1. On retrouve des suspensions à poussoir hydraulique comme le système Keel
des F1. Des amortisseurs actifs DSSV Multimatic, utilisés sur les F1 Red Bull,
permettent à la voiture d’ajuster son assiette en permanence. Des modes
permettent également de choisir la hauteur de caisse. En confort, la voiture se
positionne à 120 mm, alors qu’en Track ou Vmax, elle descend à 71 mm avec
l’aileron déployé. Incroyable !
Le freinage fait appel à Brembo avec des disques en
carbone-céramique (394 mm / 360 mm) et des étriers 6 pistons à l’avant et 4
pistons à l’arrière.
Les magnifiques roues 20 pouces silver sont en aluminium forgé, chaussées de
pneus semi-slick Michelin PS Cup 2 spécifiques.
En ouvrant les incroyables portes en élytre, on découvre un habitacle
étriqué pensé pour la course. Alcantara, carbone et aluminium se côtoient.
Si on ôte quelques options de confort d’une voiture de route, on a réellement
l’impression d’être dans une voiture du Mans, avec son volant multifonction et
ses sièges baquets en carbone fixes Sparco – c’est le pédalier et le
volant qui bougent.
En regardant la fiche technique, on découvre que le coffre fait seulement 11,3
L. On se rend bien compte que la Ford GT n’est pas faite pour faire les
courses... mais pour faire la course.
Au départ prévue à 1000 exemplaires, Ford a régulièrement
rouvert les commandes pour satisfaire la demande, avec finalement 1350 Ford
GT assemblées à la main au Canada.
Sur la piste, on a pu découvrir une voiture presque identique, à part l’aileron
fixe et le setup de suspension.
La Ford GT entre dans l’histoire en remportant la première et la troisième
place en LMGTE-Pro aux 24 h du Mans 2016. Le pari est réussi, 50 ans plus tard.
Tout comme la Ford GT, la Ferrari F40 est née d’une volonté
de renouer avec la compétition.
Face à des résultats décevants sur les circuits, Enzo Ferrari comprend qu’il
faut un changement. Une discussion avec son ami Pietro Barilla va être
décisive : le fils de ce dernier arrive à battre des Ferrari 308 GTB avec sa
BMW M3, deux fois moins chère... De quoi convaincre définitivement Enzo qu’il est
temps de prendre un nouveau cap.
Tout commence par un appel d’Enzo Ferrari à son ingénieur
Nicola Materazzi. Enzo lui soumet l’idée d’un nouveau moteur turbo 3.0 de
330 ch destiné aux voitures de route. Materazzi répond aussitôt au téléphone : “
Il faut au minimum 400 ch avec un tel moteur ”. Enzo, séduit, lui confie
alors la mission.
Ce moteur trouve d’abord sa place dans l’impressionnante Ferrari
288 GTO, pensée pour le Groupe B. Pour être homologué, il fallait produire
au moins 200 exemplaires routiers. En parallèle, Ferrari développe la version
de course, la 288 GTO Evoluzione, stoppée brutalement avec
l’interdiction du Groupe B en 1986. Seulement 5 exemplaires voient le jour,
mais Materazzi perçoit l’appétit des clients pour une voiture de route
directement dérivée de la compétition.
Il soumet l’idée au directeur de la production des voitures
de série, Eugenio Alzati, qui accepte à condition de ne pas interférer avec les
autres projets. Résolu, Materazzi se met à travailler... tous les week-ends, pour
donner vie au projet 164.
Enzo Ferrari, vieillissant, veut marquer un dernier grand
coup pour célébrer les 40 ans de la marque en 1987.
Materazzi s’appuie sur les acquis de la GTO Evoluzione pour concevoir une
voiture qui fera date : la Ferrari F40.
Son V8 3.0 biturbo ouvert à 90° est conservé mais
profondément amélioré : doubles turbos IHI japonais, double arbre à cames en
tête, carter sec, 32 soupapes refroidies au sodium. Le bloc, la culasse et le
carter sont réalisés en Silumin, un alliage aluminium-silicium emprunté
à la course. Résultat : 478 ch et 577 Nm de couple, soit un rapport
poids/puissance exceptionnel de 2,3 kg/ch.
Aucune boîte de vitesses existante n’étant capable
d’encaisser un tel couple, Materazzi en conçoit une nouvelle, avec double
embrayage renforcé.
L’aérodynamique reçoit un soin particulier : lignes
signées Pininfarina, avant plongeant percé de prises NACA, aileron monumental,
Cx de seulement 0,34.
Sous la carrosserie en fibre de verre se cache un châssis treillis en acier
rigidifié par des entretoises, trois fois plus rigide et 20 % plus léger qu’une
structure classique.
La F40 hérite directement des technologies de la course : fond
plat, plancher à effet de sol, double circuit de freinage
hydraulique et flexibles issus de la Formule 1.
Le freinage fait appel à des étriers 4 pistons avec des
disques ventilés de 330 mm, en acier pour la partie friction et en aluminium au
centre afin de réduire les masses non suspendues.
L’utilisation de matériaux composites est également une première : les panneaux
intérieurs sont en Kevlar, en fibre de carbone imprégnée de résine époxy, comme
sur les F1 de la Scuderia Ferrari.
À l’intérieur, seule l’homme et la machine comptent, dans
une ambiance course dans sa plus pure expression. Baquet, harnais 4 points
: le pilote est prêt à vivre un frisson hors du commun. Seule coquetterie, la
climatisation proposée en option. Même les poignées de portes sont remplacées
par de simples câbles.
Le 21 juin 1987 marque une nouvelle ère dans
l’histoire automobile. Les journalistes sont conviés sur le circuit de Fiorano
pour découvrir la F40, qui comme son nom l’indique, célèbre les 40 ans de
Ferrari.
Son look unique, bestial, et ses performances hors normes suscitent l’adhésion
générale. C’est la voiture la plus rapide du monde avec 324 km/h en vitesse
de pointe (0 à 100 km/h en 4,1 s) et également la plus chère du monde à sa
sortie.
Avant tout, c’est une pure machine de course, l’ultime
création fidèle à la vision d’Enzo Ferrari : sans artifice électronique, sans
direction assistée, sans ESP ni ABS. La F40 est brute, sauvage, et son moteur
turbo délivre un déferlement de puissance qu’il faut savoir maîtriser avec une
grande dextérité.
Ajoutez à cela que ce fut le dernier projet supervisé par
Enzo Ferrari, disparu en 1988, et vous obtenez la voiture de tous les
fantasmes. Malgré ses 1 311 exemplaires, elle s’arrache aujourd’hui à
plusieurs millions d’euros auprès des collectionneurs du monde entier.
Ces deux voitures partagent une rivalité certaine, nourrie
par deux hommes forts. La compétition est dans leur ADN et incarne mieux que
tout le défi technologique et le transfert permanent entre la piste et la
route. Deux véritables légendes.
La Ferrari F40 n’est plus qu’un souvenir, mais il est
toujours possible d’admirer la Ford GT dans notre showroom. Ce
chef-d’œuvre n’attend plus qu’à vous offrir des émotions rares.