Essai Jeep Grand Cherokee Trackhawk : le roi des SUV

28.02.2025

Le SUV le plus puissant du monde à sa sortie débarque chez Pelras Legend. Entre aventure, performances et exclusivité, ce Jeep Grand Cherokee Trackhawk défie les lois de la gravité et les lois de l’entendement. Un produit rare qui impressionne par ses performances hors normes et qui symbolise à lui seul la démesure américaine. Un modèle légendaire que nous vous proposons de découvrir à l’essai.

La naissance du roi des SUV

Le Jeep Grand Cherokee perpétue l’héritage de Jeep dans le segment des grands SUV plus luxueux ou, tout du moins, moins rustiques qu’un Wrangler. Il est le descendant du Jeep Grand Wagoneer, le premier SUV de luxe américain, qui a inspiré Land Rover pour son Range Rover (lire essai).

La version du jour appartient à la quatrième génération, répondant au code WK2, qui a connu une longue carrière avec trois restylages (2010 à 2021). En 2017, Jeep surprend tout le monde en dévoilant une version encore plus sportive que le SRT (468 ch) : le Trackhawk (faucon de piste), qui devient alors le SUV le plus puissant du monde à sa sortie, loin devant les Lamborghini Urus et Bentley Bentayga, grâce à son V8 de 707 ch emprunté à la Dodge Challenger Hellcat.

Si l’on excepte la couleur rouge de notre modèle, le Trackhawk cache assez bien son jeu et ne se différencie que peu d’une version normale, et encore moins de la version SRT. Pour le reconnaître, il faut observer le bas du bouclier avant, qui ne comporte plus d’antibrouillards, remplacés par des prises d’air. À l’arrière, il se distingue par son badge évocateur et ses quatre sorties d’échappement en chrome noir. Pour le reste, on retrouve ce qui fait le charme de Jeep : des passages de roues trapézoïdaux et une calandre à sept fentes, rappelant les origines de la Jeep Willys.

Un habitacle sans compromis

Même s’il symbolise l’aventure extrême et qu’il se présente comme la version la plus sportive, ce Jeep ne fait aucun compromis.

En tant que sommet de la gamme et comme toute voiture américaine, le Jeep Grand Cherokee Trackhawk gâte ses occupants avec cinq larges places, un coffre de 1 030 litres et une liste d’options aussi longue qu’une highway américaine : sellerie en cuir Nappa et suédine avec surpiqûres contrastantes et inserts en carbone, sièges chauffants et ventilés, écrans arrière, système Uconnect 4 avec écran tactile de 8,4 pouces, compteurs numériques de 7 pouces, système audio Harman Kardon à 19 haut-parleurs, toit ouvrant panoramique, mode voiturier, et pas moins de 70 fonctions de sécurité, incluant le régulateur de vitesse adaptatif...

Si la qualité des matériaux est peut-être un peu inférieure à celle des SUV européens, l’ambiance à bord reste sportive tout en étant accueillante et invite au voyage. On s’y sent bien, et le confort est royal grâce à une suspension pneumatique paramétrable.

Le cœur de la bête : le V8 HEMI 6.2 compressé

Le moteur mérite à lui seul un chapitre tant il est la pièce maîtresse et l’objet de tous les fantasmes.

Repris des Dodge Challenger et Charger Hellcat, ce V8 hémisphérique en fonte a été lourdement retravaillé pour encaisser les fortes contraintes tout en maximisant la fiabilité.

Pour optimiser le refroidissement, des chemises d’eau entre les cylindres ont été ajoutées, ainsi que des soupapes d’échappement refroidies au sodium. Outre la culasse en aluminium, on retrouve des pièces mobiles renforcées, comme un vilebrequin en acier forgé capable de résister à une pression d’allumage de 110 bars, ainsi que des pistons et bielles en alliage forgé à haute résistance.

Le compresseur de 2 380 cm³ a lui aussi bénéficié d’un travail conséquent sur la qualité de ses composants et son refroidissement.

Tout ce travail permet d’atteindre 707 ch et 875 Nm de couple, avec un 0 à 100 km/h abattu en 3,7 secondes et une vitesse de pointe de 290 km/h.

Impressionnant quand on découvre sa masse de 2 531 kg. Un poids qui semble presque imperceptible dans certaines circonstances, tant le travail des ingénieurs a été minutieux.

Sur la route : pour la course et pour faire les courses

Ce Jeep Grand Cherokee Trackhawk est en quelque sorte le couteau suisse texan, celui qu’on prend pour tout faire.

Au quotidien, il se montre docile et confortable, et si l’on omet le sifflement du compresseur, on a l’impression d’être dans un Grand Cherokee Diesel. Il remplit parfaitement sa mission du quotidien, que ce soit pour aller faire ses courses dans un grand mall de banlieue ou chercher son fast-food préféré. That’s America!

Ce confort et cette sérénité de conduite sont rendus possibles grâce à deux technologies principales. D’abord, le Quadra-Trac Active 4WD, la transmission intégrale de Jeep, qui prévient toute perte d’adhérence grâce à un embrayage humide mécanique et à un différentiel à glissement limité électronique monté sur l’essieu arrière. Cette technologie fonctionne en tandem avec la suspension pneumatique Quadra-Lift, qui permet de faire varier la garde au sol de +274 mm à -25 mm grâce à plusieurs modes.

Justement, parlons des modes de conduite, qui sont au nombre de cinq, plus un mode personnalisable, chacun ayant ses spécificités, notamment en matière de répartition du couple :

·         Auto (répartition AV/AR 40/60)

·         Sport (35/65, passages de rapports plus rapides et suspension raffermie)

·         Track (30/70, passages de rapports réduits de 68 % avec seulement 160 millisecondes et suspension raidie au maximum)

·         Snow (50/50)

·         Tow (60/40, avec une capacité de remorquage dépassant 3,2 tonnes)

Les différences entre les modes se ressentent immédiatement. Jeep vous fait passer d’un conducteur sage, confortablement installé, à un pilote de drag race en quête de sensations fortes.

Le mode Sport conserve un peu de confort, et l’on sent encore la suspension travailler pour maîtriser les mouvements de caisse. En revanche, en mode Track, plus aucun mouvement parasite : la voiture est littéralement collée au sol, et la confiance règne à bord. La direction plus directe, combinée à la répartition du couple 30/70, permet d’aborder les courbes plus rapidement. Toutefois, la position de conduite inévitablement haute et la largeur imposante du véhicule provoqueront quelques sueurs froides sur les routes étroites. Ce monstre s’exprime pleinement sur de grandes routes dégagées, des courbes parfaitement goudronnées... voire un circuit.

Le V8 terrifie par ses montées en régime explosives et son rugissement indescriptible. Sa cylindrée généreuse garantit une réserve de puissance inépuisable, mais c’est surtout lorsque le compresseur entre en charge, autour de 3 500 tr/min, que tout bascule : les rapports s’enchaînent avec une violence inouïe. Le rupteur arrive rapidement, comme c’est souvent le cas sur ce type de moteur américain. À 6 200 tr/min, la boîte automatique à 8 rapports TorqueFlite enclenche le rapport supérieur. Douce en conduite normale, elle devient brutale en pleine charge, avec des à-coups perceptibles. Son agrément est bon, même si elle n’atteint pas le niveau des meilleures transmissions européennes. Cela dit, le progrès est immense par rapport aux antédiluviennes boîtes automatiques américaines.

Le son du V8 est sans doute ce qui marque le plus. Entre le sifflement strident du compresseur, la grogne bestiale de l’échappement et les crépitements à la décélération, la partition est brutale. Déjà sonore dans l’habitacle, à l’extérieur, c’est une véritable sirène mécanique qui s’entend à des kilomètres. Les poils s’hérissent, et le cerveau en redemande, fortement sollicité par l’envie d’activer le Launch Control ou d’explorer les innombrables menus de chronomètres, jauges et défis incitant à repousser les limites. D’ailleurs, le quart de mile est avalé en 11,6 secondes !

Heureusement, les ingénieurs ont retravaillé la suspension avec des amortisseurs Bilstein, intégrés à un train avant indépendant en aluminium et un essieu arrière multibras.

Derrière les jantes en titane de 20 pouces, le freinage est confié à Brembo :

·         Disques avant de 400 mm avec étriers 6 pistons

·         Disques arrière de 350 mm avec étriers 4 pistons

Si la puissance de freinage est bien présente, le ressenti à la pédale pourrait être plus précis.

Ce Jeep Grand Cherokee Trackhawk est une anomalie mécanique aussi fascinante qu’effrayante. Capable de cruiser tranquillement comme de pulvériser des chronos, il incarne à lui seul l’excès américain dans toute sa splendeur. Un SUV aussi à l’aise pour faire les courses que pour faire la course.

Bilan de l’essai : Docteur Jekyll et Mister Hyde

Tel un baroud d’honneur célébrant tout le charme de l’automobile américaine, le Jeep Grand Cherokee Trackhawk bluffe par sa grande polyvalence et ses performances démentielles. Aussi à l’aise au quotidien que dans la boue ou dans un centre équestre pour tracter un van à chevaux, il révèle tout son potentiel lorsqu’il est confié à un pilote équipé d’un casque et de gants, prêt à laisser de côté tous ses préjugés.

Ce grand SUV accélère aussi fort que certaines supercars et se comporte aussi bien que certaines sportives européennes. Il ne conserve de l’Amérique que ses meilleurs atouts : un V8 mythique et époustouflant, un équipement riche, tout en adoptant le meilleur des voitures européennes avec un comportement routier à la fois confortable et rigoureux et une finition en net progrès.

Avec moins de 100 exemplaires livrés en France, le Jeep Grand Cherokee Trackhawk se révèle être un choix très intéressant, tant pour sa rareté, son histoire, que ses performances, et ce, pour un tarif inférieur à 80 000 €.

Il a sa carte grise française, le malus est déjà payé... Il ne vous reste plus qu’à en profiter en famille !


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